Mardi 22 octobre 2024 à 14h43
Nairobi, 22 oct 2024 (AFP) — Les Nations unies ont indiqué mardi être "profondément préoccupées" après le renvoi de quatre réfugiés turcs depuis le Kenya qui, selon des organisations de défense des droits humains, ont été enlevés et refoulés de force, en violation du droit international.
Les quatre individus - Mustafa Genç, Öztürk Uzun, Alparslan Tasçi et Hüseyin Yesilsu - ont été renvoyés en Turquie vendredi, a indiqué lundi le ministère kényan des Affaires étrangères.
L'annonce faisait suite à des informations parues dans plusieurs médias selon lesquelles les quatre Turcs avaient été kidnappés dans une rue de Nairobi, la capitale kényane, avec trois autres personnes qui ont ensuite été libérées.
Le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) s'est déclaré "profondément préoccupé par le refoulement de quatre réfugiés" vers la Turquie, et a appelé le Kenya "à respecter ses obligations juridiques internationales".
L'HCR a appelé le gouvernement à respecter le principe de non-refoulement, qui protège les demandeurs d'asile et les réfugiés de toute mesure pouvant conduire à leur renvoi vers un endroit où leur vie ou leur liberté est menacée.
Le ministère kényan des Affaires étrangères a déclaré avoir reçu de la Turquie l'assurance que les quatre individus seraient "traités avec dignité".
"Cet incident constitue une violation tant du droit kényan que du droit international sur les réfugiés", a déclaré Amnesty International samedi, avant que le rapatriement ne soit confirmé.
"Leurs enlèvements soulignent les préoccupations croissantes concernant la sécurité de tous les réfugiés et demandeurs d'asile au Kenya."
Une alliance d'organisations de défense des droits humains kényanes, le Groupe de travail sur les réformes de la police, s'est dite "choquée" par l'action du gouvernement, affirmant que cette dernière avait "mis en grave danger quatre êtres humains ainsi que le statut du Kenya en tant que nation sanctuaire".
Selon le groupe, cette action "porte atteinte à la crédibilité du Kenya" en tant que nouveau membre du Conseil des droits de l'homme de l'ONU.
Le Kenya accueille plus de 780.000 réfugiés, a indiqué le ministère des Affaires étrangères.
En mai 2001, des espions turcs avaient enlevé Selahaddin Gülen, neveu d'un ennemi de longue date du président Recep Tayyip Erdogan. La justice kényane avait alors interdit son extradition vers la Turquie.
Il était le neveu du prédicateur musulman Fethullah Gülen, en exil aux Etats-Unis depuis un quart de siècle après avoir été accusé par Ankara d'avoir ourdi une tentative de coup d'état en 2016. Sa mort dimanche à l'âge de 83 ans, a été confirmée lundi par Ankara.
Selon certaines informations, des espions turcs ont rapatrié par la force des dizaines de partisans de Gulen dans le monde entier.
La Turquie avait également capturé en 1999 le chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Ocalan, au Kenya, après des années de cavale.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.