Mercredi 5 octobre 2022 à 16h55
Téhéran, 5 oct 2022 (AFP) — L'Iran a annoncé mercredi avoir convoqué l'ambassadeur du Royaume-Uni, Simon Shercliff, pour protester contre les "ingérences" de son pays à propos des troubles qui ont suivi la mort de Mahsa Amini.
Cette Kurde iranienne de 22 ans est décédée le 16 septembre, trois jours après son arrestation par la police des moeurs pour infraction au code vestimentaire strict de la République islamique qui oblige notamment les femmes à porter le voile.
Des dizaines de personnes, principalement des manifestants mais aussi des membres des forces de sécurité ont été tuées depuis le 16 septembre lors de rassemblements pour protester contre la mort de la jeune femme, qualifiés d'"émeutes" par les autorités, alors que des centaines d'autres ont été arrêtées.
Téhéran "rejette et condamne fermement l'ingérence du ministère britannique des Affaires étrangères dans les affaires internes de l'Iran, en recourant à des interprétations fausses et provocatrices", a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
"Malheureusement, en publiant des déclarations sélectives, la partie britannique montre qu'elle est mêlée aux scénarios des ennemis qui sont actifs au Royaume-Uni et agissent contre la République islamique d'Iran", a-t-il ajouté.
"L'Iran examinera les options possibles pour répondre à toute action non conventionnelle de la partie britannique", a déclaré le ministère, ajoutant qu'il avait protesté mardi.
Mercredi également, le ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a mis en garde l'Union européenne (UE) après que le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a déclaré que les 27 envisageaient des sanctions contre l'Iran.
"Si l'UE veut entreprendre une action hâtive et irréfléchie avec une approche des deux poids deux mesures, elle devra s'attendre à une action similaire de la part de la République islamique d'Iran", a déclaré M. Amir-Abdollahian lors d'un entretien téléphonique avec son homologue italien.
"Lors des événements récents, des interventionnistes étrangers, des agents organisés et des terroristes, en particulier à Zahedan et dans l'ouest de l'Iran, ont poussé des rassemblements pacifiques vers la violence, les émeutes et le meurtre d'innocents, de la police et des forces de sécurité", a-t-il ajouté.
Les Gardiens de la Révolution avaient évoqué quant à eux des affrontements avec des "terroristes" à Zahedan qui avaient fait une vingtaine de morts.
Mercredi également, sur Instagram, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Nasser Kanani, a accusé les gouvernements occidentaux de s'ingérer dans les affaires de l'Iran.
"L'ingérence et le soutien ouvert de certains gouvernements occidentaux aux récents troubles en Iran ainsi que la poursuite de leur comportement provocateur montrent que chaque fois qu'ils voient une occasion, ils n'hésitent pas à porter atteinte directement et indirectement à la stabilité, la sécurité et au système politique" de la République islamique, a déclaré Kanani.
Le ministère britannique des Affaires étrangères a convoqué lundi le plus haut diplomate iranien à Londres. "La violence exercée par les forces de sécurité sur les manifestants est vraiment choquante", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, James Cleverly.
"Nous continuerons à travailler avec nos partenaires pour que les autorités iraniennes soient tenues pour responsables de ces violations flagrantes des droits humains", a-t-il ajouté.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.