Lundi 20 decembre 2021 à 12h36
Paris, 20 déc 2021 (AFP) — L'Iran a exécuté un Kurde accusé de rébellion armée malgré la pression internationale, ont dénoncé lundi plusieurs ONG, évoquant des aveux arrachés selon elles par la force et à l'issue d'un procès qu'elles ont qualifié d'inéquitable.
Heidar Ghorbani a été exécuté dimanche matin à la prison de Sanandaj, situé dans la province du Kurdistan, dans l'ouest de l'Iran, a déploré l'ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo, ajoutant que ni sa famille ni son avocat n'avaient été avertis au préalable.
En septembre, des experts des droits de l'Homme de l'ONU avaient exhorté l'Iran à annuler sa condamnation à mort en raison des "graves préoccupations" suscitées par le fait qu'il n'a pas bénéficié d'un procès équitable et a été torturé pendant sa détention provisoire.
L'ONG Amnesty International avait également demandé que sa vie soit épargnée, affirmant que son procès avait été émaillé de "violations" et qu'il était "manifestement inéquitable".
Heidar Ghorbani a été reconnu coupable et condamné à mort en 2020 en lien avec le meurtre en 2016 de trois hommes liés à la milice pro-gouvernementale Bassij, selon les ONG. Il était emprisonné depuis octobre 2016.
Il a été reconnu coupable d'avoir fourni un transport et un soutien logistique pour les meurtres. La justice a toutefois reconnu qu'il n'avait jamais été armé.
Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux ont montré des foules se rassemblant dimanche pour une commémoration en son honneur dans sa ville natale de Kamyaran, scandant: "Les martyrs ne meurent pas".
"Heidar Ghorbani a été soumis à la torture et condamné à mort sans procédure régulière et sans aucune preuve", a dénoncé Mahmood Amiry-Moghaddam, le directeur d'IHR.
D'après cet ONG, le dossier du condamné était encore en cours d'examen par la Cour suprême. Ses proches n'ont en outre pas été prévenus à l'avance de l'exécution, a-t-il ajouté.
Amnesty International avait déjà regretté l'apparition de M. Ghorbani après son arrestation dans un documentaire diffusé en 2017 par Press-TV, une chaîne d'Etat iranienne en langue anglaise.
Les ONG de défense des droits de l'Homme critiquent la pratique des médias publics iranien de diffuser des "aveux" de condamnés dont ils craignent qu'ils aient été extorqués sous la torture.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.