Mercredi 5 juillet 2023 à 17h33
Athènes, 5 juil 2023 (AFP) — La police grecque a indiqué mercredi avoir évacué près d'Athènes un bâtiment qui abritait des réfugiés kurdes depuis des décennies et qui va être démoli, une mesure dénoncée par les défenseurs des droits humains.
Dans un communiqué, la police indique avoir transféré 26 hommes, huit femmes et 19 enfants de cet immeuble de la ville portuaire de Lavrio vers d'autres lieux d'hébergement gérés par le ministère des Migrations.
Les autorités ont souligné que le bâtiment, qui avait hébergé des réfugiés issus d'Union soviétique à partir de 1947, puis avait accueilli à partir des années 1980 des Kurdes fuyant la Turquie, était vué à la démolition.
"Un séisme de petite ampleur pourrait faire s'effondrer le bâtiment", a argué le maire de Lavrio, Dimitris Loukas, aux journalistes qui se s'étaient rendus sur les lieux.
Un représentant des Kurdes a affirmé que la police avait "enfoncé toutes les portes et était entrée brutalement dans les chambres" pour évacuer les réfugiés.
La police a de son côté affirmé que l'opération avait été menée "dans le calme".
Mais selon le Centre culturel et démocratique du Kurdistan, une organisation représentant les réfugiés kurdes en Grèce, c'est une "armée" de 300 policiers qui est intervenue et a emmené les réfugiés dans un camp de migrants à Malakasa, près d'Athènes.
"Ils ont été réveillés et rassemblés, ils n'ont même pas eu le temps de prendre leurs vêtements", a affirmé ce centre dans un communiqué.
L'organisation a affirmé que la Grèce avait fermé ce refuge pour satisfaire une demande de la Turquie, qui assure depuis des décennies que le bâtiment était un centre d'entraînement des militants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré comme "terroriste" par Ankara, l'Union européenne et les Etats-Unis.
Mercredi en soirée, une centaine de personnes se sont rassemblées au centre d'Athènes à l'appel du centre culturel et démocratique du Kurdistan pour protester contre cette évacuation.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.