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La sécurité des Kurdes est "essentielle" pour la Syrie (cheffe de la diplomatie allemande)


Vendredi 20 decembre 2024 à 21h45

Ankara, 20 déc 2024 (AFP) — La sécurité du peuple kurde est "essentielle" pour que la Syrie ait "un avenir libre et sûr", a assuré la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock vendredi à Ankara à son homologue turc.

"La sécurité, en particulier celle des Kurdes, est essentielle pour un avenir libre et sûr pour la Syrie", a-t-elle dit à la presse après avoir rencontré le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan, avertissant des dangers de toute "escalade" avec les forces kurdes en Syrie.

Plus tôt dans la journée, Mme Baerbock a tiré la sonnette d'alarme concernant de nouvelles violences dans le nord de la Syrie, où les troupes turques et des combattants soutenus par Ankara affrontent les Forces de défense syriennes (FDS), un groupe dirigé par les Kurdes et soutenu par les États-Unis.

Ankara considère les FDS comme une extension de son ennemi juré, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), et a promis jeudi qu'elle ne reculerait pas tant que les combattants kurdes ne seraient pas désarmés.

Alors que les rebelles islamistes poursuivaient leur offensive éclair de douze jours qui a renversé Bachar el-Assad le 8 décembre, les combattants soutenus par la Turquie ont entamé une opération parallèle contre les forces kurdes dans le nord, déclenchant des affrontements qui ont fait des centaines de morts en quelques jours.

"Des milliers de Kurdes de Manbij et d'autres endroits sont en fuite en Syrie ou craignent de nouvelles violences", a déclaré la ministre allemande.

"J'ai dit très, très clairement aujourd'hui que nos intérêts communs en matière de sécurité ne doivent pas être mis en péril par une escalade avec les Kurdes en Syrie".

Mais elle a exprimé sa compréhension pour les préoccupations sécuritaires "légitimes" d'Ankara, affirmant que "le nord-est de la Syrie ne doit pas constituer une menace pour la Turquie", tout en avertissant qu'on ne doit pas permettre aux jihadistes du groupe État islamique (EI) de reprendre pied en Syrie.

"Personne ne serait aidé si le véritable vainqueur d'un conflit avec les Kurdes s'avérait être les terroristes de l'EI : ce serait une menace pour la sécurité de la Syrie, de la Turquie et aussi pour nous en Europe", a-t-elle fait valoir.

Selon une source du ministère turc des Affaires étrangères, M. Fidan lui a dit que le PKK et le YPG - la principale force au sein des FDS - ne représentaient pas le peuple kurde.

"Le point de vue selon lequel le PKK/YPG représente les Kurdes en Syrie est erroné", a déclaré la source, soulignant que la Turquie ne permettrait jamais à de telles "organisations terroristes d'abuser de la situation en Syrie".

"Nous attendons de tous nos alliés qu'ils respectent les préoccupations de la Turquie en matière de sécurité", a ajouté cette source diplomatique turque.

La ministre allemande a par ailleurs fait savoir que son pays jugerait les nouveaux dirigeants islamistes du HTS en Syrie "sur leurs actes", alors que l'on s'inquiète de l'enracinement du groupe dans l'islam radical.

"Il est clair qu'un ordre islamiste radical ne peut que conduire à une nouvelle fragmentation, à une nouvelle oppression et donc à de nouvelles violences", a déclaré Mme Baerbock à des journalistes à Ankara. "Nous jugerons les nouveaux dirigeants sur leurs actes".

Avant même le début de sa visite, la cheffe de la diplomatie allemande avait souligné vendredi l'importance de ne pas "saper l'intégrité territoriale" de la Syrie, où des groupes pro-turcs combattent des forces kurdes.

"La Syrie ne doit pas devenir le jouet de puissances étrangères, ni une expérience de forces radicales", avait-elle dit.

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Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.