Jeudi 30 mai 2024 à 18h43
Stockholm, 30 mai 2024 (AFP) — Les services de renseignement suédois ont accusé jeudi l'Iran de recourir à des gangs criminels, et notamment à des enfants, pour commettre des actes violents contre Israël et ses intérêts en Suède, faisant de ce royaume nordique un nouveau théâtre de l'hostilité entre les deux pays.
Cette mise en cause intervient deux semaines après que des coups de feu "suspects" ont été tirés à proximité de l'ambassade d'Israël à Stockholm, selon la police.
En début d'année, un "engin activé" a été retrouvé dans l'enceinte de l'ambassade, l'ambassadeur israélien évoquant alors une "tentative d'attentat".
"Le régime iranien utilise des réseaux criminels en Suède pour commettre des actes de violence contre d'autres États" sur le territoire suédois, ont dit les services de renseignement suédois, le Säpo, dans un communiqué.
Ceux-ci visent en particulier "des intérêts, cibles et activités israéliens et juifs en Suède".
- Des enfants recrutés -
"L'Iran a déjà eu recours à la violence dans d'autres pays d'Europe pour tenter de faire taire les voix critiques et les menaces perçues contre son régime", ajoute le Säpo.
La Suède estime être désormais l'un des théâtres des tensions entre Israël et l'Iran, qui se sont récemment exacerbées, sur fond de guerre dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre.
La situation s'est enflammée le 13 avril, lorsque l'Iran a lancé une attaque inédite contre Israël, avec 350 drones et missiles dont la plupart ont été interceptés.
"Nous estimons qu'un conflit régional s'est étendu à l'échelle mondiale et que la Suède en est désormais l'arène où il peut se dérouler", a dit le chef des services de renseignement, Daniel Stenling, au cours d'une conférence de presse.
Ces actes téléguidés par l'Iran sont parfois commis par des enfants, affirme le Säpo : "De très jeunes individus, voire des enfants, peuvent être utilisés pour commettre des infractions en Suède, en lien avec les services de sécurité iraniens".
La Suède peine à contenir la violence des luttes entre gangs criminels depuis plusieurs années, faisant face chaque semaine à des fusillades et à des explosions.
Ces violences étaient initialement liées à la lutte pour le contrôle du trafic de drogue mais elles "changent de forme très rapidement", a relevé Hampus Nygards, le chef adjoint de la division nationale des opérations de la police suédoise.
Les gangs recrutent de plus en plus d'adolescents et d'enfants attirés par l'appât du gain, les moins de 15 ans ne pouvant en outre pas être incarcérés.
- "Renard kurde" -
Le quotidien suédois Dagens Nyheter (DN), qui dit s'appuyer sur des documents du Mossad, écrit que les services de renseignement israéliens, le chef du réseau Foxtrot, Rawa Majid, et son principal rival Ismail Abdo, qui dirige le gang Rumba, travaillent désormais pour des intérêts iraniens.
Rawa Majid, qui a la double nationalité suédoise et turque, aurait quitté la Turquie pour l'Iran en septembre 2023, après le refus turc de l'extrader en Suède. En Iran, celui qui est surnommé le "renard kurde" a été contraint de choisir entre la prison et la coopération avec les autorités iraniennes, d'après ces documents du Mossad cités par DN.
Selon les médias suédois, Ismail Abdo a été récemment arrêté en Turquie à l'occasion d'un contrôle routier et remis en liberté sous caution, en dépit d'un mandat d'arrêt international le visant. Le Premier ministre suédois, Ulf Kristersson, a jugé cette décision "frustrante".
De son côté, le quotidien israélien Jerusalem Post, qui ne cite pas de sources, assure que le Mossad pense que l'Iran est derrière l'attaque à la grenade ayant visé l'ambassade d'Israël en Belgique le week-end dernier.
Prié de dire si les informations détenues par la Suède émanaient seulement du Mossad, le ministre suédois de la Justice, Gunnar Strömmer a répondu jeudi : "j'ai toute confiance dans les informations que nos autorités détiennent".
Les services de sécurité suédois assurent qu'ils ont pris et "continueront à prendre des mesures" pour "réduire la capacité de l'Iran à mener des activités qui menacent la sécurité".
La Suède a par ailleurs des relations très tendues avec Téhéran, l'un de ses ressortissants Johan Floderus, un diplomate de l'Union européenne, étant détenu depuis avril 2022 en Iran.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.