Vendredi 6 octobre 2023 à 16h53
Homs (Syrie), 6 oct 2023 (AFP) — La Syrie a enterré vendredi les militaires et leurs proches tués dans une attaque de drones contre une cérémonie de promotions d'officiers qui a fait plus d'une centaine de morts, à laquelle Damas a répliqué par des bombardements intensifs de zones rebelles.
Dans le nord-est contrôlé par les Kurdes, l'armée turque a mené de nouveaux raids contre des infrastructures vitales, portant le bilan de deux jours de frappes à 16 morts.
L'attaque jeudi contre l'académie militaire de Homs, dans le centre du pays sous contrôle du pouvoir central, est l'une des plus sanglantes contre l'armée depuis le début de la guerre en 2011.
Des dizaines de proches de victimes s'étaient rassemblés tôt le matin, le visage fermé, devant l'hôpital militaire de Homs d'où les ambulances transportaient les dépouilles des officiers et des membres de leurs familles vers leur dernière demeure.
"Mon fils, ne pars pas, reste près de moi", criait une mère éperdue de douleur, en robe noire à fleurs blanches, la tête recouverte d'un fichu blanc. Des soldats portant des couronnes précédaient les cercueils, au son d'une musique militaire.
Khawla, une femme de 33 ans, cherchait parmi les cercueils son frère, qui devait être promu officier jeudi. "Amjad n'est pas mort (...), j'aurais voulu le voir jeune marié", a-t-elle dit à l'AFP, effondrée.
- Panique -
Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux ont montré des victimes tombant à terre et des blessés appelant à l'aide pendant l'attaque, au milieu de scènes de panique, alors que des coups de feu étaient entendus.
L'attaque a fait 89 morts parmi lesquels 31 femmes et cinq enfants, ainsi que 277 blessés, selon les autorités syriennes.
L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a pour sa part donné un bilan plus lourd de 123 morts incluant 54 civils parmi lesquels 39 enfants, et quelque 150 blessés.
Le ministre de la Défense, Ali Mahmoud Abbas, a assisté aux funérailles d'une trentaine de militaires et de civils à Homs. Il participait à la cérémonie jeudi mais était parti avant l'attaque des drones, intervenue vers la fin de l'événement, selon un témoin et l'OSDH.
Les autorités ont proclamé trois jours de deuil et demandé que des prières soient récitées pour les morts dans les mosquées vendredi.
L'attentat n'a pas été revendiqué. Les forces syriennes ont repris en 2017 le contrôle de la ville de Homs, qui fut un bastion des rebelles, et la province éponyme est éloignée des lignes de front.
Des groupes jihadistes qui contrôlent une partie du territoire syrien, mais également les combattants du groupe Etat islamique, malgré sa défaite territoriale, ont parfois recours aux drones pour attaquer les forces syriennes et leur allié russe.
Le président russe, Vladimir Poutine, a assuré dans un message de condoléances à son homologue syrien, Bachar al-Assad, qu'il avait "l'intention de poursuivre (la) coopération étroite avec les partenaires syriens pour lutter contre toute forme (...) de terrorisme".
- Riposte -
L'armée syrienne, qui avait promis de "riposter fermement" à l'attaque, a bombardé à partir de jeudi après-midi le dernier bastion rebelle du pays, dans le nord-ouest.
L'OSDH a fait état de 15 civils tués dans les zones rebelles. Des avions russes ont également mené au moins cinq raids sur la région rebelle d'Idleb, faisant un mort, un enfant selon l'OSDH.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a exprimé son inquiétude après l'escalade en Syrie. De son côté, l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, a appelé jeudi à "une désescalade immédiate".
Déclenché en 2011, le conflit en Syrie a fait plus d'un demi-million de morts et morcelé le pays.
Dans le nord-est où les Kurdes ont établi une administration autonome, la Turquie a mené vendredi, pour le deuxième jour consécutif, une série de raids sur des infrastructures, ciblant les principales centrales à gaz.
Les frappes ont fait cinq nouveaux morts vendredi, portant le bilan après deux jours de frappes à 16 morts, dont huit civils, selon les responsables kurdes.
Un membre des forces spéciales turques, blessé dans une attaque de missile contre une base militaire turque dans le nord de la Syrie, est en outre décédé, ont annoncé vendredi les autorités turques.
La Turquie affirme avoir agi en représailles à un attentat qui a visé dimanche le ministère de l'Intérieur à Ankara, blessant deux policiers.
Le ministère américain de la Défense a pour sa part annoncé que les Etats-Unis avaient abattu jeudi un drone turc, estimant qu'il représentait une menace potentielle pour des forces américaines déployées en Syrie.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.