Jeudi 10 juillet 2008 à 15h56
BAGDAD, 10 juil 2008 (AFP) — Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a promis, jeudi à Bagdad, que la Turquie allait "davantage soutenir l'Irak" dans sa stabilisation et sa reconstruction, et s'est réjoui que Bagdad lui ait dit vouloir lutter à ses côtés contre les séparatistes kurdes.
"Je vous assure que le gouvernement turc sera à vos côtés et vous soutiendra", a déclaré M. Erdogan lors d'une conférence de presse avec son homologue irakien Nouri al-Maliki, insistant sur la dimension "historique" de sa visite "après 18 ans d'interruption".
"Cette année est l'année de la reconstruction", a renchéri M. Maliki, disant vouloir "augmenter la production de pétrole et aider les autres industries à développer le pays", et appelant les entreprises turques à investir en Irak.
Les deux pays visent les 25 milliards de dollars d'échanges commerciaux annuels, selon M. Erdogan.
"Le futur de l'Irak est aussi le futur de notre région. Je crois que la démocratie aura bientôt raison des problèmes en Irak", a estimé le chef du gouvernement turc.
Il a indiqué qu'il rencontrerait désormais une fois par an son homologue irakien, et que les ministres des deux pays se verraient trois fois par an.
Par ailleurs, le gouvernement irakien et le Kurdistan irakien l'ont assuré de leur "volonté commune" de "défaire" les séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui sont une menace "pour toute la région", a-t-il dit.
"Il y a une compréhension commune du problème", s'est réjoui M. Erdogan.
"Nous avons discuté de tous les sujets, y compris de Kirkouk", province du nord-est de l'Irak dont la moitié des habitants sont kurdes, a précisé le dirigeant turc.
Les Kurdes irakiens demandent à pouvoir annexer cette province. Ankara s'y oppose, craignant de voir se renforcer le Kurdistan irakien.
Depuis décembre, la Turquie a mené plusieurs interventions militaires dans le nord de l'Irak contre les bases du PKK, considérée comme une organisation terroriste par Ankara, les Etats-Unis et l'Union européenne.
Ces opérations, notamment des bombardements aériens, avaient provoqué de vives réactions de la part du gouvernement régional du Kurdistan irakien, ainsi que du président irakien Jalal Talabani, un Kurde.
Le gouvernement turc affirme que 2.000 rebelles kurdes du PKK sont cachés de l'autre côté de sa frontière avec l'Irak. Le PKK se bat depuis 1984 pour l'autonomie du sud-est de la Turquie. Le conflit a fait plus de 37.000 morts.
M. Erdogan achèvera sa visite par un dîner avec M. Talabani.
Lors de la conférence de presse, le Premier ministre irakien a annoncé la formation d'un "Haut conseil de coopération stratégique", qui comptera notamment les Premiers ministres des deux pays et se réunira deux fois par an pour aborder des sujets communs: économie, approvisionnement en eau et lutte contre le terrorisme.
L'Irak mène actuellement une offensive diplomatique pour renforcer sa position régionale et normaliser ses relations avec ses voisins, alors que la situation du point de vue de la sécurité s'est améliorée depuis plusieurs mois.
Plusieurs pays, la Jordanie, les Emirats arabes unis, le Koweït et Bahreïn, ont ainsi nommé récemment des ambassadeurs en Irak.
Washington a également fait pression sur ses alliés arabes pour qu'ils normalisent leurs relations avec l'Irak afin de contrer l'influence de l'Iran, accusé d'ingérence chez son voisin irakien.
Sur le plan économique, "il y a un large éventail d'accords qui vont être discutés et signés dans les domaines du commerce, du tourisme et des échanges de technologie", avait indiqué jeudi matin à l'AFP un conseiller du Premier ministre irakien.
Aucune indication sur l'éventuelle signature de contrats n'a été donnée lors de la conférence de presse.
La Turquie est déjà un des partenaires commerciaux les plus actifs de l'Irak, lui fournissant notamment des biens de consommation.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.