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Le chef des rebelles en Syrie dit vouloir renverser le président Assad


Vendredi 6 decembre 2024 à 22h24

Beyrouth (Liban), 6 déc 2024 (AFP) — Le chef des rebelles en Syrie a affirmé vendredi vouloir renverser le président Bachar al-Assad, après que ses combattants se sont emparés de dizaines de localités et de villes clés lors d'une offensive fulgurante à laquelle la Turquie a apporté son soutien.

Après avoir pris Alep, la grande ville du nord, et Hama, dans le centre, en moins d'une semaine, les rebelles sont aux portes de Homs, à 150 kilomètres de la capitale Damas, l'avancée la plus spectaculaire en 13 ans de guerre.

Les rebondissements militaires touchent aussi l'est et le sud du pays meurtri par une guerre complexe qui a fait un demi-million de morts depuis 2011, et l'a morcelé en zones d'influence, avec des belligérants soutenus par différentes puissances étrangères.

Face à l'offensive lancée à la surprise générale le 27 novembre à partir de la province d'Idleb, fief des rebelles dans le nord-ouest syrien, les forces gouvernementales se sont retirées de certaines régions ou mené des raids aériens avec l'allié russe et des opérations au sol contre les secteurs insurgés.

Principal allié du pouvoir syrien, la Russie, prise par sa guerre contre l'Ukraine, a appelé ses ressortissants à quitter la Syrie. En 2015, son aide militaire a été cruciale pour inverser le cours de la guerre et permettre à M. Assad de reprendre une grande partie du territoire.

Si les rebelles s'emparent de Homs, la troisième ville du pays située dans le centre, seules Damas et la côte méditerranéenne seront encore aux mains des forces de M. Assad, dont la famille est au pouvoir depuis plus de cinq décennies.

"Lorsque nous parlons d'objectifs, le but de la révolution, c'est de renverser ce régime. Nous avons le droit d'utiliser tous les moyens nécessaires pour atteindre cet objectif", a dit à CNN Abou Mohammed al-Jolani, le chef du groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), qui mène la coalition rebelle.

HTS est considéré comme terroriste par l'ONU, les Etats-Unis et certains pays européens.

- "Objectif, Damas" -

"Idleb, Hama, Homs et bien sûr l'objectif, Damas: l'avancée des opposants continue. Nous souhaitons que cette avancée se poursuive sans incident", a déclaré le président turc, Recep Tayyip Erdogan, dont le pays est un soutien majeur des rebelles.

Tout un symbole: à Hama, la tête déboulonnée d'une statue de l'ex-président syrien Hafez al-Assad, le père de Bachar, a été tirée par un véhicule dans la rue, selon des images de l'AFP. L'ex-président est responsable du massacre survenu en 1982 à Hama lors de la répression d'une insurrection des Frères musulmans.

"Notre joie est indescriptible", a dit Ghaith Souleimane, un habitant de Hama, après l'arrivée des rebelles.

Craignant le même scénario, des dizaines de milliers d'habitants de Homs, principalement des membres de la minorité alaouite dont est issu M. Assad, ont eux fui vers la côte occidentale, d'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

"La peur couvre Homs", a affirmé Haidar, un habitant.

- "Le diable" -

Mais Yazan, un ex-militant antirégime qui a fui Homs et s'est réfugié en France, a déclaré "avoir rêvé de cela depuis plus d'une décennie". "Peu importe qui mène (cette offensive), même si c'est le diable lui-même. L'important est que ce pays soit libéré" du clan Assad.

Selon l'OSDH, l'armée s'est retirée de Homs vendredi, et les rebelles sont proches de la ville.

Mais le pouvoir a démenti tout retrait et affirmé avoir envoyé des renforts à Homs.

D'après l'OSDH, des frappes russes et syriennes ont tué 20 civils, dont cinq enfants, dans des villages proches de Homs.

L'armée syrienne a dit mener une "opération dans le nord de la province de Homs, sous la couverture de l'aviation conjointe syro-russe et de l'artillerie".

Depuis le 27 novembre, les violences ont fait au moins 826 morts dont une centaine de civils, selon l'OSDH, et au moins 370.000 personnes ont été déplacées d'après l'ONU.

L'offensive a été lancée le jour de l'entrée en vigueur au Liban du cessez-le-feu entre Israël et le mouvement armé pro-iranien Hezbollah, sorti considérablement affaibli de cette guerre.

Le Hezbollah et l'Iran avaient, au côté de la Russie, apporté un énorme soutien militaire à M. Assad et Téhéran a réaffirmé vendredi qu'il continuerait à le soutenir.

- "Nouvelle" réalité -

Sur un autre front, dans l'est syrien, les forces gouvernementales se sont retirées sous leur contrôle dans l'ouest de la province de Deir Ezzor, a déclaré Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH.

Peu après, les Forces démocratiques syriennes (FDS) dominées par les Kurdes, qui contrôlent l'est de Deir Ezzor, ont indiqué s'être déployées dans les secteurs évacués.

Mazloum Abdi, le chef des FDS qui contrôlent des pans entiers du nord-est du pays, a dit être ouvert au dialogue avec les rebelles mais aussi avec la Turquie qui considère son organisation comme terroriste.

Pour lui, la progression rapide des rebelles impose "une nouvelle" réalité politique.

Et dans le sud de la Syrie, les forces syriennes ont abandonné plusieurs positions dans la province de Deraa, berceau de la révolte, où des rebelles locaux se sont emparés notamment de bâtiments administratifs, d'après l'Observatoire.

Toujours dans le sud, des responsables syriens, dont le gouverneur, ont quitté des bâtiments gouvernementaux à Soueida, selon l'OSDH.

Des groupes armés ont aussi pris un poste frontière avec la Jordanie peu après sa fermeture par le royaume.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.