Vendredi 4 novembre 2022 à 11h56
Téhéran, 4 nov 2022 (AFP) — Le président iranien Ebrahim Raïssi a ironisé vendredi sur les propos tenus la veille par le président américain Jo Biden qui a affirmé qu'il veut "libérer" l'Iran.
"Les Etats-Unis disent qu'ils veulent libérer l'Iran mais je dois vous dire que l'Iran s'est libéré il y a 43 ans et ne se soumettra plus à vous", a lancé M. Raïssi devant des milliers de personnes rassemblées dans la capitale à l'occasion de la commémoration de la prise d'otages de l'ambassade américaine à Téhéran le 4 novembre 1979 par des partisans de la Révolution islamique.
Ils exigeaient l'extradition de l'ex-chah, soigné aux Etats-Unis: 52 diplomates et employés ont été retenus en otage pendant 444 jours. Cinq mois plus tard, Washington a rompu ses relations diplomatiques avec Téhéran et imposé un embargo sur le pays.
"Mort à l'Amérique, mort à Israël, mort à la Grande-Bretagne!", a scandé vendredi la foule. "L'Iran est fort", "nous obéissons au Guide suprême" Ali Khamenei, peut-on lire sur des pancartes brandies par les manifestants à Téhéran.
Selon la télévision officielle, plusieurs manifestations commémorant la prise de l'ambassade américaine ont été organisées dans d'autres villes, notamment à Mashhad (nord-est), Ispahan (centre) et Chiraz (sud).
Jeudi, le président américain Joe Biden a déclaré que son pays va "libérer" l'Iran. "Ne vous inquiétez pas, nous allons libérer l'Iran. (Les Iraniens) vont se libérer eux-mêmes très bientôt", a-t-il dit lors d'un discours électoral en Californie, en référence aux manifestants.
L'Iran est secoué depuis près de deux mois par des manifestations déclenchées par la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne arrêtée trois jours plus tôt par la police des moeurs qui lui reprochait d'avoir enfreint le code vestimentaire strict, imposant notamment le port du voile en public.
Des dizaines de personnes, principalement des manifestants mais aussi des membres des forces de sécurité, ont été tuées depuis le début de la contestation, selon les autorités. Des centaines d'autres, dont des femmes, ont été arrêtées.
"Nos hommes et nos femmes sont déterminés, nous ne vous permettrons jamais de réaliser vos désirs sataniques", encore dit M. Raïssi à l'adresse des Etats-Unis, l'ennemi juré de l'Iran.
"L'ennemi veut cibler notre unité, notre sécurité, notre paix et notre détermination", a-t-il ajouté, saluant la diversité de la société iranienne, énumérant les communautés kurdes, baloutches, turkmènes et arabes.
De son côté, le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian a dénoncé vendredi "l'hypocrisie" des Etats-Unis, qui selon lui, "encouragent la violence et la terreur" en Iran, tout en cherchant à "conclure un accord sur le nucléaire".
"M. Biden, arrêtez ce comportement hypocrite", a-t-il écrit sur Twitter.
L'Iran et les grandes puissances ont lancé en avril 2021 à Vienne des pourparlers visant à ressusciter un accord international de 2015, qui garantit le caractère civil du programme nucléaire de l'Iran, accusé malgré ses démentis de chercher à se doter de l'arme atomique. Ces négociations sont dans une impasse depuis début septembre.
Sous Donald Trump, les Etats-Unis se sont retirés en 2018 de l'accord de 2015.
Fin octobre, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a dit avoir peu d'espoir de relancer l'accord de 2015, invoquant les conditions préalables exigées par Téhéran.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.