Jeudi 2 février 2023 à 12h32
Paris, 2 fév 2023 (AFP) — Le réalisateur iranien primé Jafar Panahi, emprisonné à Téhéran depuis six mois, a déclaré avoir commencé une grève de la faim pour protester contre ses conditions de détention, rapporte une déclaration publiée jeudi par sa femme.
Jafar Panahi, dont les films ont été primés dans plusieurs festivals de cinéma européens, a été arrêté en juillet avant même le début de la vague de protestations qui secoue le régime iranien depuis le mois de septembre.
Malgré des espoirs pour sa libération le mois dernier, Jafar Pahani reste emprisonné à la prison d'Evin à Téhéran.
"Aujourd'hui, comme beaucoup de personnes piégées en Iran, je n'ai d'autre choix que de protester contre ce comportement inhumain avec ce que j'ai de plus cher: ma vie", a-t-il déclaré. "Je refuserai de manger et de boire et de prendre tout médicament jusqu'à ma libération", a dit le cinéaste, dont la grève de la faim a commencé le 1er février.
"Je resterai dans cet état jusqu'à ce que, peut-être, mon corps sans vie soit libéré de prison", a-t-il ajouté.
Âgé de 62 ans, Jafar Pahani a été arrêté le 11 juillet et a été contraint de purger une peine de six ans de prison prononcée en 2010 pour "propagande contre le système".
Mais le 15 octobre, la Cour suprême a annulé la condamnation et ordonné la tenue d'un nouveau procès, laissant naître pour ses avocats un espoir de libération.
Jafar Panahi a gagné un Lion d'or à la Mostra de Venise en 2000 pour son film "Le Cercle". En 2015, il a été récompensé d'un Ours d'or à Berlin pour "Taxi Téhéran", et en 2018 il a remporté le prix du meilleur scénario au Festival de Cannes pour "Trois Visages".
Son arrestation en juillet est intervenue après qu'il avait assisté à l'audience au tribunal d'un autre réalisateur, Mohammad Rasoulof, arrêté quelques jours auparavant.
Ce dernier a été libéré de prison le 7 janvier après avoir bénéficié d'une permission de deux semaines pour raisons de santé.
Des personnalités du monde du cinéma figurent parmi les milliers de personnes arrêtées en Iran dans le cadre de la répression des manifestations déclenchées par la mort en détention de Mahsa Amini, une jeune Kurde iranienne arrêtée pour avoir prétendument enfreint le code vestimentaire strict imposé aux femmes.
L'actrice Taraneh Alidoosti, qui a publié des images d'elle ne portant pas de voile islamique, figurait parmi les détenues avant d'être libérée au début du mois de janvier après près de trois semaines de détention.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.