Vendredi 9 octobre 2020 à 15h14
Souleimaniyeh (Irak), 9 oct 2020 (AFP) — Des défenseurs des droits humains s'inquiètent du sort d'un journaliste aux mains depuis trois jours vendredi d'une force qui ne s'est pas identifiée au Kurdistan irakien, où plusieurs militants sont en détention parfois depuis près de deux mois pour avoir manifesté.
Sherwan Sherwani, rédacteur en chef du mensuel Bashur -- connu pour ses enquêtes sur la corruption dans la région autonome du nord irakien -- a été appréhendé à son domicile à Erbil mercredi "sans raison légale ni mandat judiciaire", dénonce un communiqué de militants kurdes.
Selon le Committee to Protect Journalists (CPJ), "10 officiers de police, dont quatre en civil" l'ont interpellé et ont "saisi ses deux ordinateurs portables, son carnet de notes et des CD avant de braquer un pistolet sur sa tête et de le menotter".
Le journaliste, déjà arrêté par le passé pour des articles contestés par les autorités, avait critiqué sur Facebook plusieurs jours avant sa disparition le Premier ministre kurde, Masrour Barzani, réclamant des comptes sur la mort de journalistes et de militants au Kurdistan, selon le CPJ.
Des militants des droits humains s'inquiètent également du sort de Badel Barwari, un instituteur qui avait participé il y a près de deux mois à des manifestations à Dohouk (nord) réclamant les salaires des fonctionnaires.
Depuis janvier, le gouvernement autonome n'a payé que six salaires à ses 1,2 million de fonctionnaires -- pour cinq millions d'habitants.
Si des manifestations ont régulièrement lieu sans incident à Souleimaniyeh, deuxième ville kurde tenue par l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), les rassemblements à Dohouk et Erbil, la capitale tenue par le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de Massoud Barzani, ont été dispersés.
Le chef du Comité des droits humains du Kurdistan, Dhiaa Boutros, affirmait ainsi à des médias locaux, que "305 personnes ont été arrêtées, dont 19 toujours en détention" depuis fin août.
Dimanche, la cour d'appel de Dohouk a estimée "illégale" la détention de M. Barwari car manifester relève "de la liberté d'expression et de réunion". "Clôturant définitivement le dossier", elle a ordonné la libération de M. Barwari.
L'homme n'est toutefois toujours pas réapparu, selon ses proches.
Le Kurdistan, qui se présente comme un havre pour militants anti-pouvoir à Bagdad et investisseurs étrangers, est régulièrement épinglé par les défenseurs de la liberté d'expression.
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Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.