Jeudi 22 decembre 2022 à 16h25
Istanbul, 22 déc 2022 (AFP) — L'interdiction faite aux Afghanes d'accéder à l'université, décidée par le régime des talibans, est une décision "ni musulmane ni humaine", a estimé jeudi le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu.
"Cette interdiction n'est ni musulmane ni humaine. Nous rejetons ce bannissement, nous ne le croyons pas juste. Espérons, si Dieu veut, qu'ils renonceront à cette décision" a déclaré le ministre lors d'une conférence de presse.
"En quoi l'éducation des femmes blesse-t-elle l'humanité ?", a interrogé M. Cavusoglu.
La Turquie, dont la majorité de la population est musulmane, est le seul pays membre de l'Otan à avoir conservé une ambassade ouverte à Kaboul depuis l'arrivée des talibans au pouvoir en août 2021.
L'Iran, frontalier de la Turquie et l'Afghanistan, a également regretté "d'apprendre que les filles et les femmes afghanes sont confrontées à des obstacles pour étudier dans les universités", a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani, dans un communiqué.
Téhéran espère que les responsables afghans "ouvriront rapidement la voie à la reprise de l'éducation des filles à tous les niveaux", a-t-il ajouté.
L'Iran a des niveaux élevés d'éducation des femmes, mais ce pays est actuellement vivement critiqué par les pays occidentaux pour sa violente répression des manifestations qui secouent la République islamique depuis septembre. Déclenchées par la mort d'une jeune Kurde iranienne arrêtée par la police des moeurs, elles se sont transformées en un mouvement de contestation du régime.
L'interdiction de l'enseignement supérieur en Afghanistan intervient moins de trois mois après que des milliers de jeunes femmes ont passé des examens d'entrée à l'université.
Les universités sont actuellement en vacances d'hiver et devraient rouvrir en mars.
La plupart des adolescentes à travers le pays ont déjà été interdites d'enseignement secondaire, ce qui limite sévèrement l'admission à l'université.
Les Etats-Unis ont condamné "dans les termes les plus forts" la décision des talibans, que Paris a trouvée "profondément choquante", tandis que la Grande-Bretagne fustigeait un "grave pas en arrière".
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.