Page Précédente

Les Kurdes de Syrie annoncent le report d'élections contestées


Jeudi 6 juin 2024 à 10h56

Qamichli (Syrie), 6 juin 2024 (AFP) — L'administration autonome kurde du nord de la Syrie a annoncé jeudi le report jusqu'en août d'élections municipales prévues le 11 juin et qui étaient contestées aussi bien par son principal ennemi, la Turquie voisine, que par les Etats-Unis qui la soutiennent.

Ces élections concernent sept cantons où vivent des Kurdes et des Arabes et illustrent le morcellement du pays en raison de la guerre civile qui a éclaté en 2011.

La Commission des élections a annoncé dans un communiqué avoir décidé "le report jusqu'au moins d'août (...) en réponse aux demandes des parties et alliances politiques participant au scrutin", qui s'étaient plaintes que la campagne électorale était trop courte.

"Près de 18 partis", en premier lieu le Parti de l'Union démocratique (PYD), principale formation de l'administration autonome, ainsi que des indépendants sont en lice pour le scrutin, a indiqué à l'AFP Saleh Muslim, qui copréside le (PYD).

Les Kurdes syriens, qui ont souffert de décennies de marginalisation et d'oppression de la part du pouvoir central, ont profité du chaos généré par la guerre pour établir une autonomie de facto.

Après la défaite du groupe jihadiste Etat islamique (EI), les Forces démocratiques syriennes (FDS, dominées par les Kurdes), appuyées par Washington, ont progressivement étendu leur contrôle en Syrie où elles tiennent près du quart de la superficie du pays.

La Turquie considère comme "terroriste" le PYD dont la branche armée a été le fer de lance de la lutte contre l'EI, au grand dam d'Ankara.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan est monté au créneau à propos des élections, dénonçant "des actions agressives contre l'intégrité territoriale" de la Turquie et de la Syrie.

Il a menacé la semaine dernière de lancer une nouvelle opération militaire pour empêcher leur tenue: "Nous avons déjà fait ce qu'il fallait faire face au fait accompli, et nous n'hésiterons pas à agir à nouveau si nous nous retrouvons dans la même situation", a averti M. Erdogan.

Les Etats-Unies, alliés de la Turquie au sein de l'Otan et principal soutien des FDS, ont eux aussi appelé l'administration autonome à revenir sur sa décision, estimant que "les conditions pour la tenue de telles élections n'étaient pas réunies".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.