Mercredi 21 septembre 2022 à 11h52
Beauvais, 21 sept 2022 (AFP) — La fille de l'accusé s'est présentée mercredi comme la "seule responsable" de la mort de son petit ami Julien Videlaine en 2014, au troisième jour du procès aux assises de son père, jugé pour ce meurtre.
"Tout ce qui s'est passé, c'est de ma faute. Je suis la seule responsable. Je demande pardon à mon père ainsi qu'à la famille de Julien", a-t-elle déclaré à son arrivée à la barre, en pleurs.
"Je n'ai pas fait les choses dans les règles", a ajouté la jeune femme de 27 ans, qui en avait 19 au moment des faits.
Son père Muhittin Ulug, restaurateur franco-kurde de 52 ans, est accusé d'avoir tué de 19 coups de couteau son petit ami en juillet 2014, après avoir surpris un rendez-vous entre les amoureux à son domicile. Mardi, il a dit avoir "perdu l'esprit" à la vue de sa fille avec un homme nu.
"Qui est la victime dans ce procès ?", demande la juge à la jeune femme.
"C'est Julien", murmure-t-elle, en larmes. "Si je pouvais donner ma vie pour Julien et prendre la place de mon père, je le ferais".
Dans sa veste vert sombre, elle garde les mains croisées devant elle, sauf pour essuyer ses larmes. Son père, lui, garde la tête baissée dans le box. Dans la salle, sa mère est prostrée.
"Aviez-vous le droit d'avoir un petit copain ?", lui demande la présidente. "A ce sujet-là, c'était compliqué. Je ne voulais pas en parler car je suis une personne pudique", répond la jeune femme, qui ne souhaite pas être identifiée. "Julien était mon premier amour. On était très amoureux", confie-t-elle.
"Je n'avais pas le droit de sortir. Je voyais Julien en cachette", raconte-t-elle également, en pleurant, pour s'accuser ensuite: "Si j'avais fait les choses correctement, on n'aurait pas subi tout ça".
La présidente lui demande alors de préciser sa pensée. "J'aurais dû le présenter à ma famille, il y aurait eu les fiançailles..."
Au cours de l'enquête, celle qui dissimulait dans son téléphone les contacts masculins sous des prénoms féminins avait d'abord dit craindre pour sa vie de la part de sa famille, qui désapprouvait sa relation avec Julien.
Elle avait ensuite changé de version, après l'extradition en 2019 de son père de Turquie, où il avait fui. Elle avait alors assuré aux enquêteurs que son père ne contrôlait pas ses relations et ignorait l'existence de Julien Videlaine.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.