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Municipales turques: manifestation contre l'annulation de l'élection de candidats prokurdes


Jeudi 11 avril 2019 à 17h30

Diyarbakir (Turquie), 11 avr 2019 (AFP) — Une centaine de personnes se sont rassemblées jeudi à Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie, pour protester contre une mesure prise la veille qui prive de mandat certains candidats prokurdes victorieux aux municipales du 31 mars.

Les manifestants ont tenté d'entrer dans la mairie de la ville, mais après intervention de la police ont transformé leur manifestation en sit-in, a constaté un correspondant de l'AFP.

Le Haut-comité électoral (YSK) a décidé mercredi de ne pas délivrer de mandat aux personnes limogées par décret-loi dans le cadre de vastes purges lancées après 2016 bien qu'elles aient été élues aux municipales la semaine dernière.

Dans ces cas-là, le candidat arrivé en deuxième position lors du scrutin municipal qui s'est tenu le 31 mars sera déclaré vainqueur.

D'après le Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde), cette mesure touche plusieurs de ses candidats qui avaient pourtant été autorisés par l'YSK à se présenter au scrutin.

Le député HDP Mithat Sancar a annoncé jeudi à Ankara que le parti allait demander l'annulation des élections dans cinq districts concernés par cette mesure.

Mais le parti affirmait que d'autres districts seraient également affectés par la mesure, comme celui de Baglar à Diyarbakir où Zeyyat Ceylan, le candidat du HDP est arrivé premier avec plus de 70% des voix.

Le candidat arrivé en deuxième position, avec 25% des voix, est celui du parti au pouvoir, l'AKP (islamo-conservateur).

"Pour nous, il s'agit d'un piège, mis en place par l'YSK", a déclaré M. Ceylan lors du rassemblement jeudi. "Bien sûr qu'il y a des pressions du gouvernement (....), mais personne ne s'attendait à une violation si évidente des élections de la part du YSK".

Plus de 140.000 personnes ont été limogées de la fonction publique et des institutions par décret-loi dans le cadre de vastes purges lancées après une tentative de coup d'Etat en juillet 2016 imputée par Ankara au prédicateur Fethullah Gülen.

Outre les partisans présumés de M. Gülen, ces purges ont aussi visé les milieux prokurdes.

Accusés par le président Recep Tayyip Erdogan d'être lié à des "terroristes" kurdes, de nombreux cadres et élus du HDP ont été arrêtés depuis 2016.

Plusieurs dizaines de maires prokurdes ont également été limogés et remplacés par des administrateurs nommés par le ministère de l'Intérieur en 2016 et 2017.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.