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Premier message du journaliste suédois détenu en Turquie


Mardi 1 avril 2025 à 16h54

Stockholm, 1 avr 2025 (AFP) — Le journaliste suédois Joakim Medin, placé en détention en Turquie notamment pour "terrorisme", a donné mardi de premières nouvelles depuis sa cellule via son avocat et publiées par son employeur, le quotidien Dagens ETC.

"L'avocat a enfin pu rencontrer aujourd'hui Joakim Medin dans la prison de Silivri. Il était de bonne humeur. Il est bien nourri, il peut faire de l'exercice, il y a un jardin. Il est à l'isolement, mais il peut encore parler à d'autres prisonniers entre les barreaux. Il lui manque encore un livre à lire, mais il l'obtiendra", a précisé Andreas Gustavsson, rédacteur en chef du journal, cité dans l'article.

Le journaliste a été arrêté jeudi à Istanbul où il venait couvrir la vague de manifestations qui secoue la Turquie depuis l'arrestation du maire d'opposition d'Istanbul Ekrem Imamoglu. Il a été incarcéré vendredi, accusé de "terrorisme" et "d'insulte au président" Recep Tayyip Erdogan.

Ces charges sont "absurdes", a affirmé Dagens ETC.

"Il n'y a pas grand-chose à dire sur la procédure elle-même à ce stade. Je crois savoir qu'elle s'est achevée en quelques minutes lorsqu'il a été déféré devant le procureur. Il y a encore beaucoup de choses à régler. Mais il a une équipe juridique qui travaille pour lui. Et je pars du principe que d'autres efforts sont déployés côté suédois", a ajouté le rédacteur en chef.

Selon l'association turque de défense des droits humains MLSA, dont un avocat a pu s'entretenir avec le Suédois, celui-ci a été privé d'avocat et d'interprète lors de son interrogatoire.

"La police a utilisé Google Traduction pour traduire", écrit MLSA, qui affirme qu'un policier a signé à sa place un document qu'il ne comprenait pas et refusait de parapher.

Lors de son interrogatoire, le journaliste a nié sa participation à une manifestation du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) à Stockholm en janvier 2023 lors de laquelle une effigie de Recep Tayyip Erdogan avait été pendue par les pieds, selon MLSA.

Egalement interrogé sur une photographie le montrant avec un drapeau des Unités de protection du peuple kurde (YPG), que les autorités turques considèrent comme une extension en Syrie du PKK, le Suédois a affirmé que le cliché avait été pris après qu'une personne lui a tendu la bannière.

Le Premier ministre suédois Ulf Kristersson a dit suivre l'affaire de près.

"Je n'ai pas eu de contact avec le président turc à ce sujet, du moins pas encore. Pour l'instant, la question est traitée par le ministère des Affaires étrangères", a-t-il affirmé mardi.

Sur un bout de papier daté du 1er avril, dont une photo a été envoyée par son avocat à Dagens ETC, Joakim Medin écrit, à la main, "le journalisme n'est pas un crime, dans aucun pays".

La ministre suédoise des Affaires étrangères Maria Malmer Stenergard a annoncé dimanche qu'elle discuterait de l'affaire avec son homologue turc cette semaine lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Otan.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.