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Quatre migrants meurent en tentant de traverser la Manche


Vendredi 12 juillet 2024 à 11h05

Lille, 12 juil 2024 (AFP) — Une embarcation clandestine dont le boudin se dégonfle, des migrants à l'eau, et malgré l'intervention rapide des secours, quatre morts: une nouvelle tragédie s'est produite vendredi lors d'une traversée de la Manche que des milliers de candidats à l'exil empruntent chaque année au péril de leur vie.

Près de 70 migrants avaient quitté les côtes françaises jeudi soir dans l'espoir de rallier l'Angleterre, lorsque leur bateau pneumatique s'est retrouvé en difficulté à l'aube, un des boudins s'étant dégonflé, a indiqué la préfecture maritime à l'AFP.

Le navire de sauvetage Minck qui a constaté l'avarie vers 4h30, et un bateau de pêche qui se trouvait à proximité du naufrage au large de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) ont pu intervenir rapidement, précise la préfecture dans un communiqué.

Ils ont pu secourir 63 passagers, dont certains étaient "à l'eau à la dérive et d'autres encore accrochés au boudin de leur embarcation disloquée", rapporte le communiqué.

Le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) Gris-Nez a mobilisé le patrouilleur Cormoran de la Marine nationale française, le navire de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) Notre-Dame de Risban et un hélicoptère de la marine française pour orienter les opérations de secours depuis le ciel.

Lors d'un survol, l'hélicoptère a repéré quatre personnes inanimées, l'une sur l'épave et les trois autres à la dérive, et un semi-rigide du Cormoran les a récupérés et ramenés à bord. Une équipe médicale dépêchée sur place n'a pas pu les ranimer et a constaté leur décès.

Ces décès portent à au moins 19 le nombre de personnes mortes en tentant de rallier le Royaume-Uni clandestinement au départ des côtes françaises depuis le début de l'année.

- 2024, année meurtrière -

Cela fait de 2024 l'année la plus meurtrière depuis 2021, lorsque 27 migrants, majoritairement des Kurdes irakiens âgés de 7 à 46 ans, étaient morts noyés dans le pire drame migratoire jamais enregistré dans la Manche.

Après l'hélicoptère, un survol par drone se poursuivait vendredi matin sur les lieux du drame, pour vérifier qu'aucun autre naufragé ne s'y trouvait, a précisé la préfecture maritime.

Les rescapés ont été ramenés à terre au port de Boulogne-sur-Mer où pompiers et protection civile étaient déployés, a constaté un correspondant de l'AFP.

Le préfet du Pas-de-Calais Bernard Billant doit y donner une conférence presse à 11h00.

Le 23 avril déjà, cinq personnes sont mortes au large de Wimereux en tentant de traverser la Manche sur une embarcation surchargée.

Et dans la nuit du 13 au 14 janvier, cinq migrants, dont un adolescent syrien de 14 ans, sont morts à Wimereux (Pas-de-Calais) alors qu'ils tentaient de rejoindre une embarcation déjà en mer dans une eau à 9 degrés.

Plus de 12.000 personnes ont atteint les côtes anglaises clandestinement en 2024, surtout depuis la France, selon des chiffres officiels britanniques mi-juin, alors que l'immigration s'est imposée comme un thème majeur des législatives britanniques, remportées par les travaillistes.

Cela représente une hausse de 18% par rapport à la même période l'an dernier, malgré le durcissement opéré par les gouvernements conservateurs ces dernières années.

Les migrants arrivés de manière irrégulière sont désormais interdits de demander l'asile au Royaume-Uni.

Ils étaient également susceptibles d'être expulsés vers le Rwanda --peu importe d'où ils viennent-- sans possibilité de retour, mais le nouveau Premier ministre britannique, le travailliste Keir Starmer, a annoncé samedi que ce dispositif, jugé par son parti onéreux, cruel et inefficace, était "mort et enterré". Les travaillistes comptent néanmoins renforcer le contrôle de la Manche.

Parmi les plus fréquentés au monde, le détroit du Pas-de-Calais a été le théâtre ces dernières années de nombreux naufrages, sans freiner la volonté des migrants d'entreprendre la périlleuse traversée.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.