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Scholz en Turquie samedi: migrations et Moyen-Orient au programme


Vendredi 18 octobre 2024 à 05h01

Istanbul, 18 oct 2024 (AFP) — Le chancelier allemand Olaf Scholz doit rencontrer samedi en Turquie le président Recep Tayyip Erdogan pour évoquer la situation au Moyen-Orient et en Ukraine, ainsi que le sort des réfugiés, selon des responsables allemands.

M. Scholz, qui s'était déjà rendu à Ankara en mars 2022, quelques mois après sa prise de fonction, est attendu à Istanbul où M. Erdogan espère obtenir le feu vert allemand pour l'achat d'avions de combat Eurofighter.

Les relations avec l'Allemagne, qui accueille la plus grande diaspora turque, environ trois millions de personnes, restent sensibles et Berlin ne manque pas d'exprimer ses préoccupations concernant les droits humains et la démocratie en Turquie.

La guerre entre Israël et le Hamas palestinien a de plus accru les tensions entre les deux capitales.

M. Erdogan dénonce avec virulence les opérations lancées à Gaza et désormais au Liban par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qu'il traite de "nazi" et accuse de "génocide" tandis que Berlin s'est rangé au côté d'Israël et invoque son droit à l'autodéfense, tout en l'appelant à la retenue.

Lors de sa visite en Allemagne l'an dernier, les deux responsables avaient déjà pu échanger sur le sujet.

Mais "les premier, deuxième et troisième points à l'ordre du jour de Scholz seront probablement la coopération sur la question des réfugiés, alors que le sentiment antiréfugiés se renforce dans toute l'Europe", indique à l'AFP Özgür Ünlühisarcikli, du German Marshall Fund, groupe de réflexion américain.

L'Allemagne, qui a subi récemment une série d'attaques commises par des demandeurs d'asile, a annoncé le mois dernier un accord pour accélérer les expulsions des Turcs déboutés du droit d'asile, ce qu'Ankara a aussitôt démenti.

Mais sur le sujet de l'immigration les deux États "devraient être sur la même longueur d'ondes", estime Deniz Sert, experte en relations internationales à l'université Özyegin d'Istanbul: "Tous deux affirmeront leur droit et leur devoir de protéger l'ordre à l'intérieur de leurs frontières et que les migrants en situation irrégulière constituent une menace", ajoute-t-elle.

- Progrès sur l'Eurofighter -

La Turquie espère également avancer sur l'achat de 40 avions de combat Eurofighter Typhoons pour pallier les retards de livraison des chasseurs américains F-16, dont la vente a été approuvée par Washington au début de l'année.

Les négociations ont été lentes à démarrer, en grande partie à cause des divergences entre Berlin et Ankara sur le conflit à Gaza.

Or chacun des quatre membres du consortium noué pour la construction de cet avion de combat (Royaume-Uni, Allemagne, Italie et Espagne) peut opposer son veto.

"Le principal obstacle à la vente des jets est la politique israélienne de l'Allemagne", a affirmé à l'AFP une source turque sous couvert d'anonymat.

Des progrès ont cependant été enregistrés ces derniers mois, selon la même source qui évoque des "développements positifs", sans toutefois parier sur un accord imminent.

"Ankara espère que Berlin va lever ses restrictions sur la vente des Eurofighters et donner son feu vert", confirme Özgür Ünlühisarcikli.

Selon Özgür Eksi, rédacteur en chef du site spécialisé Turdef.com, Berlin s'inquiétait initialement que la Turquie puisse les utiliser contre les combattants kurdes dans le sud-est de la Turquie ou en Syrie.

"Ces inquiétudes persistent, mais d'autres questions ont pris le dessus, dont celle de la sécurité (en Europe)", explique-t-il à l'AFP.

Avec la guerre en Ukraine, les Occidentaux s'inquiètent d'un possible rapprochement de la Turquie avec Moscou, assure-t-il.

Même si Ankara a ménagé ses relations avec la Russie comme avec l'Ukraine depuis le début de la guerre, en envoyant des drones à Kiev mais sans se joindre aux sanctions occidentales contre Moscou.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.