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Kirkouk: débat houleux au Parlement, et craintes croissantes de violences


Samedi 17 novembre 2007 à 15h32

BAGDAD, 17 nov 2007 (AFP) — Le sort de Kirkouk, que les Kurdes irakiens convoitent, a fait l'objet samedi d'un débat houleux au Parlement de Bagdad, un député prévenant que cette ville pourrait devenir "la plus dangeureuse" du pays.

"S'il n'y a pas de solution au problème de Kirkouk, Kirkouk sera la ville la plus dangeureuse d'Irak", a averti Hadi al-Ameri, député chiite du Conseil suprême islamique irakien (CSII), et chef de la milice de ce parti, les Brigades de Badr.

Dans un entretien avec l'AFP à l'issue d'une séance difficile à la chambre des députés, il a mis en garde contre tout emportement des partis kurdes, qui forment avec le CSII la majorité parlementaire du gouvernement de Nouri al-Maliki.

"Il y a deux approches au problème de Kirkouk", a-t-il averti : "La première est l'usage de la force et cela ouvrira les portes de l'enfer. La deuxième est le dialogue et la négociation sous la surveillance de l'Onu".

La Constitution irakienne a prévu un recensement pour déterminer la composition ethnique de la ville, où vivent des Kurdes, des Arabes, et des Turkmènes. Il doit être immédiatement suivi, avant fin 2007, d'un referendum pour proposer aux 1,3 million d'habitants un éventuel rattachement de leur ville, riche en pétrole, au Kurdistan irakien.

Pour le moment, rien n'indique que ce referendum pourra se tenir dans les délais et les Kurdes s'impatientent.

"Le recensement est un devoir du gouvernement", a lancé en séance le député kurde Fouad Massoum. "La Constitution est le document qui lie tous les Irakiens", a-t-il ajouté. "Ceux qui lui désobéissent ne doivent pas rester en Irak".

"Si les autorités ne se conduisent pas de manière responsable, les partis kurdes trouveront une autre manière d'agir", a-t-il déclaré, sans préciser les moyens qu'il avait à l'esprit.

Le problème de Kirkouk est considéré comme un des plus épineux en Irak, avec le pouvoir central, dominé par les chiites, peu enclin à laisser cette ville et ses ressources passer sous le contrôle du gouvernement régional kurde.

La grand voisin turc est également inquiet d'un rattachement de Kirkouk au Kurdistan irakien, qui donnerait à cette région les moyens financiers de se transformer en mini-Etat autosuffisant.

Les responsables du Kurdistan irakien assurent que les Kurdes forment la majorité de la population de cette ville, que le régime de Saddam Hussein avait arabisée en y implantant des populations d'autres régions du pays.

Les Arabes et les Turkmènes qui vivent à Kirkouk redoutent qu'elle ne passe sous le contrôle des Kurdes, et assurent qu'ils sont déjà victimes de discriminations.

"Le problème de Kirkouk va déclencher une guerre civile s'il n'est pas réglé", a prévenu Abbas al-Bayati, un Turkmène chiite. Les Turkmènes proposent une solution fédérale avec une représentation égale de 32 pc pour les trois principales communautés et une représentation résiduelle de 4 pc pour la communauté chrétienne.

Pour Hadi al-Ameri, "il faut un recensement et un referendum, mais pour que tout le monde respecte le referendum, il faut qu'il se tienne dans des conditions acceptables de transparence". Or, a-t-il ajouté, les "conditions de sécurité actuelles ne permettent pas de tenir un referendum".

Il a appelé les Kurdes à ne pas trop insister sur le respect scrupuleux des délais, arguant qu'une telle exigence, si elle n'était pas satisfaite, pourrait rendre caduque l'idée même d'une consultation.

M. al-Ameri a également souligné que les limites de toutes les provinces irakiennes, qui ont fait l'objet de changements durant le règne de Saddam Hussein, devaient être revisées et que chaque modification devaient être soumise à un vote populaire.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.