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L'Irak condamne les frappes turques au Kurdistan


Lundi 17 decembre 2007 à 21h51

BAGDAD, 17 déc 2007 (AFP) — Les autorités irakiennes ont condamné lundi les frappes de l'armée turque sur le nord de l'Irak visant des sanctuaires de rebelles séparatistes qui ont menacé de procéder à des représailles.

"Des avions turcs ont bombardé des villages irakiens dans le Kurdistan (nord), près de la frontière turque, faisant plusieurs victimes civiles innocentes" dimanche avant l'aube, indique le Parlement dans une déclaration.

"Nous condamnons fermement cette violation de la souveraineté de l'Irak et du principe de bon voisinage", poursuit-il en appelant Ankara au dialogue.

De son côté, le chef de la diplomatie irakienne Hoshyar Zebari a protesté contre les bombardements des sanctuaires des combattants kurdes turcs du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

"Nous comprenons les inquiétudes turques sur la présence du PKK, mais il y a eu des dommages collatéraux parmi la population civile. De telles actions doivent être menées en coordination avec le gouvernement irakien", selon lui.

L'aviation turque a bombardé des villages du massif de Qandil, une région boisée et très escarpée, aux confins de la Turquie et de l'Iran, repaire du PKK dans la région autonome du Kurdistan irakien où sont cantonnés quelque 3.500 combattants.

Selon l'agence pro-PKK Firat, les bombardements ont fait sept tués, cinq combattants et deux civils.

Mais dans un communiqué, l'état-major turc, affirmant que les frappes avaient atteint leurs cibles, a démenti la possibilité de pertes civiles.

L'armée turque, qui avait lancé le 1er décembre une première opération limitée contre le PKK, a mené dimanche son offensive à plus de 90 km à l'intérieur du territoire irakien avec la participation de chasseurs F-16. Elle a aussi tiré à l'artillerie et des missiles.

Quelque 100 tonnes de bombes ont été larguées sur les cibles "ennemies", selon une source militaire à Ankara. Le QG du PKK à Qandil a été entièrement détruit, selon les médias turcs.

Le chef d'état-major turc Yasar Buyukanit a affirmé que les Etats-Unis, alliés de la Turquie mais aussi grands soutiens du Kurdistan irakien, avaient donné leur accord tacite à ces raids en fournissant des "renseignements" et en donnant la permission de pénétrer dans l'espace aérien irakien.

A Washington, un porte-parole du département d'Etat a éludé une question sur cet éventuel feu vert. Mais Washington a jugé les raids turcs "conformes" à des frappes déjà effectuées par la Turquie.

En revanche, l'Union européenne a appelé Ankara "à la retenue" et le patron de l'ONU Ban Ki-moon s'est dit "préoccupé" aussi bien par les raids turcs qui pourraient avoir fait des victimes civiles que par "la poursuite" des attaques du PKK.

Au Kurdistan irakien, des villageois ont dû fuir, parfois pieds nus dans la neige, leurs maisons et villages du massif de Qandil après les bombardements.

"Nous dormions lorsque les avions turcs ont bombardé notre village. Avant, c'était Saddam qui détruisait nos maisons, maintenant ce sont les Turcs", dit en colère à l'AFP un fermier de 75 ans, Hassan Ibrahim.

Dans un communiqué transmis à l'agence Firat, le PKK a menacé de riposter aux raids. "Notre peuple a tout à fait le droit de se défendre et de riposter (...) Notre peuple va faire ce qui est nécessaire".

Le PKK, en lutte depuis 1984 contre le pouvoir central d'Ankara, est considéré comme un groupe terroriste par la Turquie, les Etats-Unis et l'UE.

Le 21 octobre, le PKK avait lancé en provenance d'Irak une attaque près de la frontière qui a tué 12 soldats turcs, et le Parlement turc avait autorisé une intervention militaire en Irak.

Cette perspective avait mobilisé la communauté internationale, dont les Etats-Unis qui y voient un risque de déstabilisation de la seule région d'Irak relativement épargnée par la violence. Et les autorités irakiennes s'étaient engagés à tenter de limiter la liberté d'action du PKK.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.