Vendredi 4 janvier 2008 à 12h36
DIYARBAKIR (Turquie), 4 jan 2008 (AFP) — La police turque a arrêté quatre personnes vendredi dans le cadre de l'enquête sur l'attentat qui a coûté la vie la veille à 5 personnes à Diyarbakir (sud-est), alors que tous les soupçons pèsent sur les rebelles kurdes attaqués dans leurs repaires du nord de l'Irak.
L'explosion jeudi en fin d'après-midi d'une voiture piégée dans la principale ville du sud-est anatolien peuplée majoritairement de kurdes a tué cinq personnes et blessé 68 autres, dont 30 militaires, a annoncé vendredi le procureur en chef de la ville Durdu Kavak dans un communiqué.
Quatre personnes ont été interpellées, souligne le document.
La déflagration s'est produite au passage d'un véhicule militaire sur une route du centre-ville, près d'une base de l'armée turque. Quatre des morts sont des lycéens qui suivaient des cours privés pour des examens d'admission à l'université dans l'un des bâtiments.
La violente déflagration a provoqué d'importants dégâts aux alentours.
Le gouverneur de Diyarbakir, Hüseyin Avni Mutlu, a précisé que les auteurs de l'attentat avaient fait exploser à distance une bombe placée dans une voiture.
Le ministre de l'Agriculture, Mehdi Eker, un kurde originaire de la région, s'est rendu sur les lieux du sinistre et le chef d'état-major des armées, le général Yasar Büyükanit, était attendu dans la ville.
Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a déclaré qu'il se rendra lui aussi samedi dans la ville pour des inspections et affiché la détermination de son gouvernement de lutter contre les séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
"Nous allons lutter avec détermination et sans aucune concession", a-t-il dit aux journalistes à Ankara.
Il a aussi souligné que le PKK "ne représente en aucun cas nos citoyens d'origine kurde" et ajouté que les arrestations pourraient se multiplier à Diyarbakir.
Des représentants de 45 ONG de Diyarbakir ont également dénoncé l'attaque, demandant aux autorités d'en capturer les responsables.
Selahattin Demirtas, un député du principal parti pro-kurde, le Parti pour une société démocratique (DTP), s'est aussi rendu à Diyarbakir et a condamné l'attentat.
M. Demirtas, dont la formation est menacée d'interdiction pour collusion avec le PKK, a évoqué une "grande provocation", sans préciser.
Même si les autorités affirmaient n'exclure aucune éventualité, pour les médias turcs il ne fait aucun doute que cet "attentat lâche" est l'affaire du PKK qui a menacé Ankara de représailles après des raids contre ses camps dans le nord de l'Irak, menés par l'aviation turque avec l'aide des renseignements américains.
L'état-major turc a confirmé trois raids en Irak depuis le 16 décembre ainsi qu'une opération terrestre. Des responsables kurdes d'Irak ont fait état de deux autres raids aériens.
Au moins 150 militants ont été tués, selon l'armée turque.
Des funérailles ont été organisées vendredi matin pour enterrer trois des victimes. A cette occasion, des participants ont conspué le PKK, considéré comme une organisation terroristes par la Turquie, les Etats-Unis et l'Union européenne.
Dans le cadre des opérations déclenchées dans les provinces voisines, les forces de l'ordre ont saisi 50 kg d'explosif et des grenades dans un autocar abandonné à Van (est), rapporte l'agence Anatolie.
Diyarbakir a déjà subi des attaques à la bombe dans le passé.
En 2006, 10 personnes avaient péri dans l'explosion d'une bombe placée dans un parc de la ville, un attentat imputé aussi au PKK.
Des groupes kurdes radicaux, affiliés au PKK, ont commis des attentats à la bombe dans plusieurs métropoles mais aussi dans des sites balnéaires de l'ouest du pays.
Le conflit kurde a causé la mort de plus de 37.000 personnes depuis 1984, date du début de l'insurrection du PKK.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.