Mardi 8 janvier 2008 à 17h09
DIYARBAKIR (Turquie), 8 jan 2008 (AFP) — La police turque interrogeait mardi l'auteur présumé d'un attentat à la voiture piégée qui a fait six morts jeudi dernier à Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie, tandis que les rebelles kurdes du PKK présentaient leurs "excuses" pour l'attaque.
L'individu, qui avait acheté la voiture qui a servi à l'attentat peu avant que celui-ci ne se produise, a été arrêté tard lundi avec six comparses supposés, a affirmé le ministre de l'Intérieur Besir Atalay, ajoutant la police avait saisi des armes et des explosifs aux domiciles des suspects.
"Sept personnes sont en détention. L'une d'elles est la personne qui a acheté la voiture plusieurs jours avant (l'attaque) et les autres ont des liens avec lui", a déclaré M. Atalay à l'agence de presse Anatolie.
Citant des sources policières locales, Anatolie a identifié le suspect comme étant un jeune Kurde de 23 ans seulement désigné par les initiales de son son nom et de son prénom, E. P., qui aurait suivi un entraînement dans un des camps dont disposent les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le nord de l'Irak.
M. Atalay a confirmé qu'un des suspects était rentré en Turquie l'an dernier après un séjour en Irak.
"Les renseignements dont nous disposons sur l'incident pourrait nous mener à d'autres personnes, a indiqué le ministre.
Selon Anatolie, le principal suspect, qui a déjà purgé une peine de cinq mois de prison en 2002 pour "propagande de l'organisation terroriste" PKK, a été arrêté dans le quartier de Kayapinar, une banlieue de Diyarbakir dont il est originaire.
Diyarbakir est la principale ville du sud-est anatolien, peuplé majoritairement de Kurdes.
L'attaque à la voiture piégée survenue jeudi dernier dans le centre-ville de Diyarbakir, au passage d'un véhicule militaire et près d'une base de l'armée turque, a tué cinq étudiants qui suivaient des cours dans un établissement privé pour le concours d'entrée à l'université et blessé près de 70 personnes.
Une sixième victime a succombé à ses blessures mardi.
Les autorités avaient déjà imputé l'attentat au PKK, qui a menacé Ankara de représailles après des raids de l'aviation turque contre ses camps dans le nord de l'Irak.
Les rebelles kurdes ont pour leur part présenté mardi leurs "excuses" pour l'attentat, expliquant qu'il avait été commis par des membres de l'organisation agissant de leur propre chef.
"Cet attentat n'a pas été planifié au niveau central par notre mouvement (...) Nous regrettons que des civils aient perdu la vie et nous présentons nos excuses à notre peuple", a déclaré Bozan Tekin, un haut responsable du PKK, cité par l'agence Firat, proche des rebelles.
"Notre enquête a montré que c'était une action d'unités indépendantes locales en représailles à des attaques contre le peuple kurde (...) Elle visait un véhicule transportant des officiers de l'armée", a poursuivi M. Tekin.
L'état-major turc a confirmé trois raids en Irak depuis le 16 décembre ainsi qu'une opération terrestre de faible ampleur. Au moins 150 militants ont été tués, selon l'armée.
Le conflit kurde a causé la mort de plus de 37.000 personnes depuis 1984, date du début de l'insurrection séparatiste du PKK.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.