Samedi 16 février 2008 à 13h24
STRASBOURG (France), 16 fév 2008 (AFP) — Plusieurs milliers de Kurdes (10.000 selon la police, 30 à 40.000 selon les organisateurs) ont manifesté samedi à Strasbourg, dans l'est de la France, pour réclamer la libération de l'ancien chef du PKK Abdullah Öcalan, détenu en Turquie depuis 1999.
Venus massivement et en famille d'Allemagne, de Belgique et des Pays-Bas, ils ont défilé au rythme de musiques traditionnelles derrière des banderoles réclamant notamment la "Liberté pour Öcalan".
Abdullah Öcalan, fondateur et ex-chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a été arrêté le 15 février 1999 au Kenya par des agents turcs avec l'aide des services de renseignement américains. Tranféré en Turquie, il a été condamné à mort pour "séparatisme" en juin 1999, une peine commuée en 2002 en prison à vie après l'abolition de la peine capitale.
Dans le cortège, une large banderole proclamant sur fond noir "nous allons faire payer ce complot international" évoquait cette arrestation.
"Nous dénonçons le fait que les Etats-Unis et les pays européens ont aidé la Turquie" à capturer Öcalan, a expliqué à l'AFP Ahmet Gülabi Dere, un membre du Congrès national du Kurdistan présent dans le cortège.
Cette manifestation pacifique a aussi pour objet de rappeller que "nous souhaitons un processus de dialogue et de réconciliation" entre Ankara et les organisations kurdes "dans lequel l'Union européenne peut jouer un rôle d'intermédiaire", a-t-il ajouté.
Derrière la banderole noire, tranchant avec l'allure pacifique des autres manifestants, quelques dizaines de jeunes hommes en jeans et keffiehs sur le visage ont défilé sur un pas martial, s'agenouillant et faisant le V de la victoire, a constaté l'AFP.
Chaque année depuis l'arrestation d'Öcalan, une grande manifestation réunie en février la diaspora kurde à Strasbourg où siège la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) et où se réunit tous les mois le Parlement européen.
Öcalan incarcéré depuis 1999 sur l'île-prison d'Imrali (nord-ouest de la Turquie) réclame un nouveau procès et des meilleures conditions de détention.
La CEDH a recommandé en mai 2005 l'organisation d'un nouveau procès après avoir estimé que celui au terme duquel il avait été condamné à mort, en 1999, était "inéquitable".
Le PKK, considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, l'Union européenne et les Etats-Unis, a déclenché en 1984 une rébellion sécessionniste dans le sud-est de la Turquie, peuplé majoritairement de Kurdes, qui a fait plus de 37.000 morts.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.