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La Turquie s'apprête à reconduire ses opérations en Irak contre le PKK


Mercredi 8 octobre 2008 à 14h42

ANKARA, 8 oct 2008 (AFP) — Les députés turcs devaient prolonger mercredi pour un an l'autorisation donnée à l'armée de mener des opérations militaires en Irak contre les rebelles séparatistes kurdes, cinq jours après une attaque qui a coûté la vie à 17 soldats turcs.

Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan avait agité mardi la menace d'une nouvelle intervention terrestre contre les repaires du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le nord de l'Irak, frontalier de la Turquie.

Depuis la Finlande où il se trouve en visite, le chef de l'Etat Abdullah Gül a souligné que l'autorisation donnée à l'armée "concernera des attaques ciblées, visant uniquement les terroristes" du PKK, sans nuire à la population locale.

Une motion sera soumise au vote à l'issue des débats, qui se sont ouvert à 12H00 GMT. Sans surprise, elle doit être approuvée par une large majorité des 550 parlementaires.

Seuls une vingtaine de députés du parti pro-kurde DTP (Parti pour une société démocratique), a prévu de voter contre.

L'actuel mandat donné à l'armée pour intervenir en Irak prend fin le 17 octobre. Celui-ci a permis à l'armée turque d'effectuer depuis un an des raids aériens dans cette région où sont retranchés, selon Ankara, 2.000 combattants du PKK, ainsi qu'une intervention terrestre de huit jours en février.

Vendredi dernier, des rebelles kurdes ont attaqué une caserne toute proche de la frontière irakienne, tuant 17 soldats. 25 rebelles ont été abattus dans les combats qui ont suivi, selon l'armée.

L'aviation a frappé à quatre reprises depuis des cibles du PKK dans le Kurdistan irakien, une région autonome dont les dirigeants sont accusés par Ankara de soutenir la rébellion.

L'état-major a annoncé mercredi que quatre rebelles tués mardi soir lors de combats à Sirnak (sud-est). Un sergent a en outre été tué dans des heurts à Dicle (sud-est), selon l'agence Anatolie.

Le gouvernement turc est tiraillé entre le mécontentement de la population et de l'opposition parlementaire, qui réclament davantage de fermeté contre le PKK, et le poids de la diplomatie.

Mercredi, M. Erdogan, tout en émettant des doutes sur son efficacité, a affirmé que son gouvernement pourrait envisager la création d'une zone tampon en Irak, suggérée par l'opposition parlementaire, pour rendre la frontière entre les deux pays, longue de 384 km, plus hermétique aux infiltrations de rebelles.

Washington, allié de la Turquie dans l'Otan, est opposé à une intervention turque prolongée en Irak, qui pourrait déstabiliser la seule région du pays épargnée par les violences.

Selon un décompte publié sur le site internet de l'état-major turc, 640 rebelles ont été tués depuis janvier, dont 408 en Irak.

Jeudi, le Haut conseil de lutte anti-terroriste (TMYK), qui réunit les principaux dirigeants civils et militaires, doit se réunir pour éventuellement donner un feu vert à une demande des autorités militaires de renforcer leurs prérogatives contre le PKK.

Les forces de l'ordre réclament notamment une prolongation des gardes à vue et le droit de procéder à des perquisitions spontanées.

Ces mesures pourraient cependant déplaire à l'Union européenne, à laquelle souhaite adhérer la Turquie. Ankara a adopté ces dernières années une vaste panoplie de réformes en matière des droits de l'Homme.

Considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, l'Union européenne et les Etats-Unis, le PKK mène depuis 1984 une lutte armée pour l'autonomie du Sud-Est de la Turquie, peuplé en majorité de Kurdes. Le conflit a fait environ 44.000 morts, selon les chiffres officiels.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.