Mardi 24 février 2009 à 17h49
ANKARA, 24 fév 2009 (AFP) — Un député kurde turc a défié ouvertement la loi en prononçant mardi un discours en kurde au Parlement turc, avant que la chaîne publique retransmettant ses propos ne coupe brusquement ses émissions.
Ahmet Türk, chef du Parti pour une société démocratique (DTP), la principale formation pro-kurde de Turquie, s'adresssait au groupe parlementaire de son parti à l'occasion, selon lui, de la Journée internationale de la langue maternelle de l'UNESCO.
Avant une explication en turc, il a continué en kurde pendant quelques instants avant que la chaîne publique TRT 3 qui consacre une grande partie de ses émissions aux activités parlementaires ne cesse la retransmission.
M. Türk a été ovationné débout par la vingtaine de députés du DTP mais l'ensemble des partis politiques représentés dans l'enceinte du Parlement ont dénoncé cette initiative, selon les médias.
"La langue officielle de la Turquie est le turc", a indiqué le président de l'Assemblée nationale Köksal Toptan. "Cela est édicté par la Constitution et les lois. Cette réunion devait être conduite en turc", a-t-il dit aux journalistes, cité par l'agence Anatolie.
La loi fondamentale et les lois turques bannissent strictement l'usage d'une autre langue que le turc au Parlement ainsi que dans les établissements publics.
Selon, la chaîne d'information NTV le parquet d'Ankara a lancé une enquête judiciaire sur l'affaire.
De nombreux députés ont vu dans l'initiative de M. Türk une manoeuvre politique dans un contexte d'élections municipales prévues pour le 29 mars en Turquie.
Le DTP est déjà menacé d'interdiction par la justice turque pour collusion avec la rébellion kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Selon les analystes, ce discours en kurde pourrait indisposer les procureurs et juges qui seront chargés du dossier.
La Turquie a pourtant fait d'importantes réformes culturelles en faveur de de sa communauté kurde ces dernières années, pour renforcer ses chances d'intégrer un jour l'Union européenne.
Paradoxalement, l'organisme public de radio-télévision TRT a lancé le 1er janvier une chaîne entièrement kurde.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.