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Irak: les Kurdes se rendent aux urnes samedi en plein conflit avec Bagdad


Jeudi 23 juillet 2009 à 09h26

ERBIL (Irak), 22 juil 2009 (AFP) — Plus de deux millions et demi de Kurdes irakiens éliront samedi le président et le Parlement de leur région autonome qui devront affronter les défis d'un conflit territorial avec Bagdad et le retrait de leur partenaire américain d'Irak en 2011.

C'est la première fois qu'un président est élu au suffrage universel au Kurdistan alors que les législatives se tiennent pour la troisième fois depuis 1992.

Le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de l'actuel président kurde Massoud Barzani et l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) du président irakien Jalal Talabani, qui règnent en maîtres sur la politique kurde depuis plusieurs décennies, devraient sans surprise sortir vainqueurs des deux suffrages.

Au terme d'un accord de partage du pouvoir, Massoud Barzani se présente à sa propre succession alors que le PDK et l'UPK font front commun avec une liste composée de nouveaux députés, dans le souci de vouloir présenter une image de renouveau. Au total, 24 listes se présenteront aux législatives.

Ces élections surviennent à une période charnière pour l'Irak, marquée par le futur retrait des troupes américaines, perçues comme des libérateurs par les Kurdes, et un accès de tensions avec le pouvoir central de Bagdad.

"Le prochain gouvernement va devoir faire face à de grands défis. Le plus important sera de régler le conflit territorial et constitutionnel avec le gouvernement fédéral de Bagdad", affirme Sammy Chourach, intellectuel et ancien ministre de la Culture dans le gouvernement kurde.

A l'approche des élections au Kurdistan, la tension entre M. Barzani et le gouvernement irakien de Nouri al-Maliki est montée, avec en toile de fond des incidents dans les 16 "territoires disputés" dans les régions de Ninive, Diyala, Salaheddine et Souleimaniyeh.

Les Kurdes souhaitent rattacher ces zones - dont la ville pétrolière de Kirkouk - à leur territoire, ce que Bagdad et les communautés chiites, sunnites et turcomanes refusent.

Selon Dyandar Zebari, responsable des relations avec l'ONU au gouvernement kurde, le prochain gouvernement devra aussi "trouver un accord avec le gouvernement irakien pour partager" les ressources pétrolières des champs pétroliers du nord, une question cruciale dans le futur Irak.

Le Kurdistan irakien a commencé le 1er juin à exporter du pétrole pour la première fois de son histoire mais Bagdad nie à sa province du nord le droit de signer des contrats sans son aval, faute d'une loi sur le pétrole.

Si ces questions sont majeures pour les Kurdes, ils sont aussi de plus en plus concernés par les problèmes de corruption.

"Les institutions du gouvernement doivent être réformées pour éliminer la corruption administrative et financière", assure Moustapha Khalil, 34 ans, un commerçant d'Erbil.

"Tous les programmes électoraux se ressemblent et contiennent les mêmes vieilles promesses", poursuit Karouane Ahmed, un vendeur à la sauvette de 27 ans. "Nous avons besoin d'une opposition qui fasse pression sur le gouvernement afin qu'il propose de meilleurs services aux citoyens", dit-il.

Des candidats indépendants tentent difficilement de briser le consensus politique, comme Noucherwan Moustapha, riche entrepreneur et ancien numéro deux de l'UPK, qui se présente aux législatives sur la liste du "Changement".

"La société kurde, après une stabilisation politique, a besoin de réformes économiques, sociales et culturelles. La direction de l'UPK n'a pas la volonté de changer".

Et d'ajouter: "Nous sommes une force politique dotée d'un réel soutien populaire. Nous n'avons pas acheté la loyauté des gens en distribuant de l'argent".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.