Page Précédente

Le Kurdistan cesse d'exporter son pétrole en raison d'un conflit avec Bagdad


Mercredi 14 octobre 2009 à 10h56

ERBIL (Irak), 14 oct 2009 (AFP) — La région autonome du Kurdistan irakien a cessé d'exporter son pétrole en raison d'un conflit avec le gouvernement central sur le paiement des compagnies étrangères qui exploitent les gisements, a annoncé mercredi à l'AFP le ministre kurde des Ressources naturelles.

"L'exportation du pétrole provenant des champs situés au Kurdistan a été stoppée jusqu'à ce qu'un accord soit trouvé avec le ministère irakien du Pétrole sur la manière de payer les compagnies qui travaillent dans notre région", a déclaré Ashti Hawrami.

"Il est indispensable de trouver un moyen de les payer", a-t-il ajouté.

Le Kurdistan irakien avait commencé le 1er juin à exporter du pétrole pour la première fois de son histoire, dans un climat d'hostilité avec Bagdad qui nie à sa province du nord le droit de signer des contrats sans son aval.

Avec l'entrée en exploitation de deux champs pétroliers, 90.000 barils étaient acheminés quotidiennement vers l'oléoduc reliant Kirkouk au port turc de Ceyhan.

Dans une lettre publiée le 9 octobre sur le site du gouvernement du Kurdistan, M. Hawrami indiquait qu'en 2008, les compagnies norvégienne DNO et turque Genel avaient investi chacune 500 millions de dollars. La première exploitait le gisement de Tawke, près de Dohouk, avec une capacité d'exportation de 50.000 barils par jour (bj) et la seconde celui de Tak Tak, avec 40.000 bj.

Mais Bagdad a refusé de reconnaître les contrats pétroliers conclus par le Kurdistan avec des sociétés étrangères et veut des contrats de service, rémunérant les compagnies pétrolières au baril extrait plutôt que par un partage des bénéfices tirés de l'exploitation des ressources.

Depuis, ni DNO ni Genel n'ont été payées par le gouvernement irakien.

"Nous devons connaître les détails des contrats et le montant qui est versé à ces compagnies", avait affirmé mardi le ministre irakien du Pétrole, Hussein Chahristani, lors d'une conférence de presse.

"La responsabilité du gouvernement central est d'exporter le pétrole irakien par l'oléoduc national vers Ceyhan et de reverser les revenus au budget de l'Etat", a souligné mercredi à l'AFP le porte-parole du ministère, Assem Jihad.

Pour sa part, un haut responsable de ce ministère a été encore plus clair: "Le gouvernement irakien n'a signé aucun contrat avec ces compagnies et n'a pas vu le détail des contrats signés par la région du Kurdistan. La règle veut que les revenus pétroliers soient versés au budget de l'Etat qui reverse ensuite 17% à cette région".

L'Irak produit 2,4 millions de barils/jour dont 2 millions vont à l'exportation.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.