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Le gouvernement turc va présenter son initiative kurde au Parlement


Lundi 9 novembre 2009 à 08h25

ANKARA, 9 nov 2009 (AFP) — Le gouvernement turc doit présenter cette semaine au Parlement un ambitieux, mais controversé, projet de mesures en faveur de la communauté kurde de Turquie, pour tenter de mettre fin à un conflit d'un quart de siècle.

Le ministre de l'Intérieur Besir Atalay doit expliquer aux députés, à partir de mardi, les grandes lignes de cette "ouverture démocratique", très critiquée par l'opposition, qui dénonce une atteinte à l'unité du pays.

Depuis l'été, le Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan s'efforce de préparer l'opinion à l'annonce de ces mesures, qui pourraient à terme saper le soutien dont disposent les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), notamment dans le sud-est du pays peuplé majoritairement de Kurdes.

Les détails du plan n'ont pas été révélés mais, selon la presse, Ankara pourrait lever les restrictions sur l'usage de la langue kurde, autoriser le retour d'Irak des réfugiés kurdes, abandonner les noms turcisés de villes kurdes, dissoudre à terme la milice kurde supplétive anti-PKK et investir dans le sud-est, appauvri par les combats et en proie à un chômage record.

Dans une démonstration publique de bonne volonté, huit militants du PKK et 26 civils kurdes sont rentrés en Turquie en octobre, quittant leurs camps du nord de l'Irak.

Mais l'accueil en héros qui leur a été réservé dans les villes du sud-est, et le fait qu'il aient été maintenus en liberté, a provoqué un tollé de l'opposition et a poussé le Premier ministre à suspendre l'arrivée d'autres groupes.

Dans cette affaire, "le soutien au parti gouvernemental s'est érodé sensiblement, en particulier en Anatolie profonde, où l'on pense que le parti d'Erdogan veut légitimer le PKK", qui est sur la liste noire des organisations terroristes, estime Soner Cagaptay, du Washington Institute.

L'analyste souligne le risque politique encouru par Erdogan, dans un pays éprouvé par 25 ans de lutte sécessionniste, avec un lourd bilan de 45.000 morts.

"Un consensus social minimum est indispensable pour pouvoir conduire les réformes avec plus de sérénité", estime le politologue Dogu Ergil. Selon lui, les deux-tiers des Kurdes turcs n'approuvent pas le PKK mais réclament une amélioration de leurs droits politiques et sociaux.

M. Erdogan a indiqué samedi être conscient "des risques, et peut-être du lourd tribut" que pourrait être amené à payer son gouvernement, mais il a assuré qu'il continuerait avec "courage" à tenter de régler un problème resté un tabou durant des années.

La Turquie refuse de dialoguer avec le PKK, et le combat mais depuis l'été, on constate une baisse des violences. L'aviation turque ne bombarde plus les repaires rebelles du nord de l'Irak.

Le PKK a pour sa part rejeté le plan, avant même son annonce.

"Le gouvernement (turc) n'a jamais eu l'intention de résoudre la question kurde. Il joue la comédie", a ainsi déclaré à l'AFP son commandant militaire, Murat Karayilan, des montagnes irakiennes, refusant de déposer les armes.

"Il s'agit de réformes de façade. La mentalité est toujours la même: le refus de l'affirmation de l'identité du peuple kurde" dans la Constitution turque, a-t-il dit.

Conscient du fait que le problème kurde gêne sa candidature à l'Europe, la Turquie a déjà, ces dernières années, octroyé d'importants droits culturels à sa population kurde, estimée à plus de 12 millions d'habitants (sur 71).

Elle se prépare également à mettre fin à l'isolement total du chef du PKK, Abdullah Öcalan, condamné à la prison à vie.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.