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Irak: l'homme de main de Saddam, "Ali le Chimique", exécuté


Lundi 25 janvier 2010 à 17h54

BAGDAD, 25 jan 2010 (AFP) — Ali Hassan al-Majid, dit "Ali le Chimique", un cousin de Saddam Hussein condamné à mort à quatre reprises, notamment pour le massacre de milliers de kurdes en 1988, a été pendu lundi à Bagdad.

Cette exécution, qui intervient plus de trois ans après celle de l'ancien dictateur en décembre 2006, a provoqué la joie des habitants de la région autonome du Kurdistan (nord), qui le surnommaient le "boucher".

"Le condamné Ali Hassan al-Majid a été exécuté par pendaison jusqu'à la mort aujourd'hui conformément à la loi et la Constitution" en raison "des meurtres et du crime contre l'humanité commis", a annoncé le porte-parole du gouvernement Ali Dabbagh dans un communiqué.

Le porte-parole a assuré qu'il avait été procédé à l'exécution du condamné "sans aucun trouble, ni cris de joie ou paroles offensantes".

Le 17 janvier, "Ali le chimique" avait pour la quatrième fois été condamné à mort, pour le massacre en 1988 de 5.000 Kurde. A l'annonce du verdict, il avait déclaré "al-hamdoulillah, al-hamdoulillah" (Dieu soit loué), qui furent ses derniers mots en public.

Cousin germain de Saddam Hussein, il avait été pendant plus de 35 ans son homme de main redouté, prêt à tout pour écraser la moindre velléité de révolte en Irak.

Agent de liaison militaire jusqu'au coup d'Etat qui porta en 1968 le parti Baas au pouvoir, il avait hérité du sobriquet infamant d'"Ali le Chimique" pour avoir ordonné en 1988 le bombardement au gaz de la ville kurde d'Halabja, tuant des milliers de personnes, femmes et enfants.

Peu après l'annonce de son exécution, de nombreux kurdes à Souleimaniyeh ont exprimé leur joie.

"Ali le Chimique mérite son sort. C'est un jour historique pour le peuple kurde et irakien", s'est félicité le ministre des Martyrs et des Déplacés du gouvernement autonome du Kurdistan, Majid Hamed Amin.

"La justice irakien a fait son travail (...) et si Dieu veut, les autres connaîtront le même sort", a-t-il ajouté.

"Je suis très heureux de l'annonce de cette exécution et j'espère qu'ils vont continuer à exécuter tous les autres impliqués dans des crimes contre les kurdes", a indiqué de son côté Kamel Abdelkader, 24 ans, dont les sept frères et soeurs, et parents ont été tués à Halabja.

"Mon père est mort à cause des attaques chimiques et mon frère souffre toujours de blessures par balles. Je suis content de cette exécution", a poursuivi Fadel Rifaat, 27 ans.

Dans le sud, les chiites aussi exultaient. "Nous sommes désolés que cette exécution ait pris tant de temps. Il s'agit d'une victoire pour tous les martyrs qui ouvrira la voie à l'avènement de la justice", a indiqué Latif al-Hamidi, porte-parole du conseil suprême islamique en Irak à Najaf, un des plus grands partis chiites qui fut réprimé par Saddam Hussein

"Ali le Chimique" a occupé le poste de secrétaire général du parti Baas dans le nord (1987-1989), coordonnant à la fois l'armée, la direction de la sécurité générale et les renseignements militaires engagés dans la répression contre les Kurdes.

"C'est moi qui ai donné les ordres à l'armée de détruire des villages et de reloger les villageois. Je ne me défends pas. Je ne m'en excuse pas. Je n'ai pas commis d'erreur", avait-il dit, en parlant de la répression de la rébellion kurde, la campagne Anfal de 1987-1988, qui avait fait près de 180.000 morts.

Comme le président déchu, "Ali le Chimique" était originaire de la région de Tikrit (nord), où il était né en 1941 selon le tribunal pénal, en 1944 d'après ce qu'il a déclaré à ce même tribunal.

L'homme, qui était dévoué corps et âme à son cousin, a aussi supervisé l'occupation du Koweït, la "19e province" aux yeux du régime. D'août à novembre 1990, il fut le gouverneur sanguinaire de ce pays envahi par l'armée irakienne, avant de reprendre en février 1991 le poste de ministre des Affaires locales.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.