Mercredi 23 juin 2010 à 16h39
ISTANBUL, 23 juin 2010 (AFP) — Le Premier ministre turc a déploré mercredi le manque de soutien de certains pays européens à Ankara dans sa lutte contre les rebelles kurdes alors que ceux-ci ont revendiqué un attentat meurtrier commis la veille à Istanbul, qui a conduit à l'arrestation de 27 suspects.
"Malheureusement, certains Etats européens n'ont pas fourni le soutien nécessaire à la Turquie dans sa lutte de longue haleine contre le terrorisme", a déclaré à Istanbul Recep Tayyip Erdogan lors d'un déjeuner en l'honneur de chefs d'Etats des Balkans.
"Malgré toutes les souffrances et les attaques très sanglantes visant les forces de sécurité (turques), certains pays n'ont pas coupé les canaux de financement de l'organisation terroriste, ils tolèrent sa machine de propagande et ne renvoient pas les criminels", a-t-il accusé, cité par l'agence Anatolie.
Les reproches de M. Erdogan surviennent alors que l'explosion d'une bombe télécommandée au passage d'un autocar civil transportant des militaires a fait cinq morts --quatre soldats et une fille de militaire âgée de 17 ans-- mardi dans la périphérie d'Istanbul.
L'attentat a été revendiqué par un groupe radical kurde, les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), considéré par Ankara comme un prête-nom utilisé par les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) quand ceux-ci commettent des attentats pouvant être réprouvés par l'opinion publique.
L'agence de presse semi-officielle Anatolie a annoncé mercredi l'interpellation de 27 personnes lors d'une opération conjointe de la branche antiterroriste et des forces spéciales de la police en lien avec l'enquête sur l'attentat.
Les victimes ont été inhumées mercredi après des obsèques organisées dans plusieurs villes de Turquie et auxquelles ont assisté des milliers de gens.
Des ministres et le chef d'état-major, le général Ilker Basbug, ont participé à la cérémonie religieuse tenue à Elmadag, une banlieue d'Ankara, pour Buse Sariyag, la lycéenne tuée dans l'attentat, a rapporté un journaliste de l'AFP.
Sa mort a provoqué l'émoi en Turquie.
"Les martyrs ne meurent pas, la nation ne se divise pas" a scandé une foule d'environ 5.000 personnes qui brandissaient le drapeau turc.
M. Erdogan, qui avait entrepris l'an dernier de renforcer les droits des Kurdes, a promis de "noyer dans leur sang" les rebelles qui ont multiplié leurs attaques depuis début juin.
"Nous ne renoncerons pas à la démocratie, en dépit de toutes les provocations", a-t-il dit mardi au Parlement.
Le PKK, une organisation terroriste selon Ankara et bon nombre de pays, lutte pour l'autonomie dans le sud-est, zone kurde, mais a aussi visé par le passé des grandes villes et des stations balnéaires de l'ouest.
Ankara enjoint régulièrement les pays européens d'agir contre les filières européennes du PKK, qui a tué au total, depuis le week-end dernier, 17 soldats et un civil lors d'attaques dans le sud-est et dans l'attentat d'Istanbul.
La Turquie, qui souhaite intégrer l'UE, estime qu'une large part des financements du PKK provient de ses activités de blanchiment d'argent, de trafic de drogue et de migrants clandestins en Europe, où le mouvement dispose au sein de la communauté immigrée kurde d'un vaste réseau de militants.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.