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Turquie: 13 soldats, sept rebelles kurdes tués dans des combats


Vendredi 15 juillet 2011 à 02h09

DIYARBAKIR (Turquie), 15 juil 2011 (AFP) — Treize soldats turcs et sept rebelles kurdes ont été tués jeudi lors des affrontements les plus meurtriers pour l'armée depuis trois ans dans le sud-est de la Turquie peuplé en majorité de Kurdes, faisant craindre un raidissement d'Ankara sur la question kurde.

Les combats sont survenus au cours d'une opération de l'armée dans une zone montagneuse connue pour être un bastion des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) près de la ville de Silvan, dans la province de Diyarbakir, les soldats étant tombés dans un guet-apens, ont indiqué des sources locales de sécurité.

Au cours des heurts, 13 soldats ont été tués et sept autres blessés, dont deux grièvement, a affirmé le gouverneur de Diyarbakir, Mustafa Toprak.

Sept rebelles ont été tués dans les combats qui continuaient de faire rage jeudi soir, l'armée disposant du soutien d'hélicoptères, ont ajouté les sources de sécurité, précisant que les affrontements avaient provoqué un incendie de forêt.

Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a convoqué une réunion extraordinaire à Ankara après l'attaque.

A l'issue de la rencontre, M. Erdogan a exprimé dans un communiqué la détermination d'Ankara. "Les objectifs des forces qui sont derrière cet événement sont clairs. (Mais) la Turquie a la force et la détermination pour surmonter la question du terrorisme", a-t-il dit.

Ces combats sont les plus meurtriers pour l'armée turque depuis la mort en octobre 2008 de 17 soldats dans l'attaque d'un poste militaire par les rebelles près de la frontière irakienne.

En octobre 2007, la mort de 12 soldats dans une embuscade avait conduit la Turquie à mener des raids aériens contre les bases arrière du PKK dans les montagnes du nord de l'Irak, puis une opération terrestre de huit jours en territoire irakien, en février 2008.

Le président du parlement Cemil Cicek a réagi avec virulence aux derniers combats en appelant les protagonistes de la question kurde à choisir leur camp.

"D'un côté la démocratie, la paix et la liberté, mais de l'autre le sang, la haine et la barbarie... Désormais, chacun doit dire quelle est sa ligne. Ou on est du côté de la démocratie ou bien on est avec ceux qui crachent leur haine et font couler le sang", a-t-il dit, cité par l'agence Anatolie.

Ses propos interviennent dans un contexte de tensions politiques avec les Kurdes.

Les députés kurdes --36 élus sur un total de 550 aux législatives du 12 juin-- ont refusé de prêter serment au parlement pour protester contre le maintien en détention provisoire de cinq des leurs, accusés de liens avec la branche urbaine du PKK, et l'invalidation d'un 36e élu en raison d'une condamnation à la prison pour "propagande terroriste".

Le président du principal parti pro-kurde de Turquie, le Parti pour la paix et la démocratie (BDP), Selahattin Demirtas, a présenté jeudi ses condoléances pour la mort des soldats, avant de dénoncer un manque de volonté politique pour résoudre la question kurde.

Les Etats-Unis, qui considèrent le PKK comme une organisation terroriste ont condamné l'attaque, survenue alors que la secrétaire d'Etat Hillary Clinton était en route pour Istanbul, afin de participer à la réunion du groupe de contact sur la Libye et de s'entretenir avec les dirigeants turcs.

Mme Clinton, arrivée dans la nuit de jeudi à vendredi, s'est dite "profondément attristée".

"Nous nous tenons auprès de la Turquie dans sa lutte contre le PKK (et) soutenons le combat de la Turquie contre le terrorisme", a déclaré la chef de la diplomatie américaine dans un communiqué.

Les accrochages entre les forces de sécurité se sont multipliés depuis les élections de juin, dans un conflit qui a fait quelque 45.000 morts depuis le début de l'insurrection du PKK, en 1984.

str-nc-ba-cs/jr

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.