Vendredi 7 octobre 2011 à 12h51
ANKARA, 7 oct 2011 (AFP) — La Turquie et la France ont signé vendredi, lors d'une visite du ministre français de l'Intérieur Claude Guéant, un vaste accord de coopération sécuritaire, visant notamment à lutter contre les membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui ont repris le combat contre Ankara.
L'accord signé à Ankara devant la presse prévoit que les deux pays s'engagent dans une "coopération opérationnelle de lutte contre le terrorisme", ce qui devrait permettre aux forces de sécurité turques et françaises de mener une lutte commune sur le terrain, a indiqué M. Guéant.
Il a fait part de "la détermination totale, indéfectible (de la France) à lutter aux côtés de la Turquie contre le terrorisme du PKK".
La France accueille une importante communauté de Kurdes de Turquie, où sont actifs des militants du PKK.
"Notre lutte ne se relâchera pas, car nous savons le montant des souffrances qui s'accumulent sur la Turquie du fait des agissements des organisations terroristes reconnues par l'Union européenne", a poursuivi M. Guéant, qui a dit que l'accord signé "va bien au delà des accords que la France signe habituellement dans le domaine de la sécurité".
Il a expliqué qu'en 2010 et 2011 respectivement, 38 et 32 membres du PKK avaient été arrêtés sur le sol français.
La justice française doit se prononcer le 2 novembre sur le sort de 18 Turcs, arrêtés en 2007 et soupçonnés d'appartenir au PKK.
L'accord, a-t-on souligné de source turque, ne prévoit pas à priori une extradition des membres du PKK vers la Turquie. Mais M. Guéant a indiqué que les deux pays avaient néanmoins décidé de travailler ensemble "afin de préparer des extraditions dans les meilleures conditions".
Le ministre français a tenu à préciser qu'il était venu en Turquie à la demande du président Nicolas Sarkozy afin d'achever les discussions sur cet accord sécuritaire, attendu de longue date par les deux pays.
Le PKK figure dans la liste des mouvements terroristes de bon nombre de pays et de l'UE. Il a intensifié sa lutte contre les forces turques, depuis le début de l'été.
M. Guéant et son homologue Idris Naim Sahin ont été confrontés aux questions insistantes des journalistes leur demandant de réagir aux propos de M. Sarkozy, qui, en visite en Arménie jeudi, a souhaité que la Turquie reconnaisse dans un délai "assez bref", avant la fin de son mandat en mai 2012, le "génocide" arménien de 1915, sous l'empire ottoman.
"Il convient de s'en tenir strictement aux propos du président de la République sans les interpréter", a dit M. Guéant.
Il a affirmé que M. Sarkozy "n'a pas évoqué de délai" pour qu'Ankara reconnaisse le massacre des Arméniens comme un génocide, ce que la Turquie refuse catégoriquement de faire, mais ce que la France a fait en 2001.
Interrogé sur le point de savoir comment réagirait la France si la Turquie décidait de reconnaître "le génocide des Algériens", M. Guéant à répondu: "Le président de la République française est allé en Algérie, il a eu des propos extrêmement forts sur ce moment douloureux de notre passé entre l'Algérie et la France. Il a tourné la page".
Son homologue a pour sa part souligné qu'il n'"était pas possible de façonner l'avenir" des rapports turco-français en se tournant vers le passé.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.