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Un ferry turc détourné par des rebelles kurdes dans la mer de Marmara


Samedi 12 novembre 2011 à 00h21

ISTANBUL, 11 nov 2011 (AFP) — Quatre ou cinq rebelles kurdes ont détourné vendredi soir un ferry avec 24 personnes à bord, dans la mer de Marmara, là où est emprisonné à vie, sur une île, leur chef Abdullah Öcalan.

Le détournement du navire, qui avait commencé vers 17H00 GMT, se poursuivait cinq heures plus tard. Des images de télévision montraient de loin le navire, un catamaran de transport rapide de passagers, tous feux allumés.

"Quatre ou cinq" rebelles kurdes ont pris possession du ferry Kartepe, avec à son bord 18 passagers dont cinq femmes, quatre membres d'équipage et deux stagiaires, a déclaré le ministre turc des Transports, Binali Yildirim à la presse, corrigeant les chiffres qu'il avait communiqués quelques heures plus tôt.

Les auteurs du détournement se présentent comme des rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), selon lui.

"Il n'y a pas de demande. Ils disent appartenir à une branche de l'organisation terroriste, le HPG", qui est est le commandement militaire du PKK, avait précisé le ministre.

"Le ferry se trouve près de Selimpasa", dans la Mer de Marmara, selon le ministre.

Les preneurs d'otages ont demandé des vivres et du carburant, une demande qui est étudiée par les autorités, a encore déclaré le ministre vers 22H00 GMT.

La télévision privée NTV a indiqué que cinq réservoirs de carburant étaient acheminés vers Tekirdag, sur la côte nord de la Mer de Marmara, non loin du ferry.

Un pirate a déclaré qu'il était en possession d'une bombe et a annoncé au capitaine du ferry qu'il souhaitait que son geste soit rapporté par les médias, a déclaré le maire d'Izmit, Ismail Karaosmanoglu, qui pensait lui qu'il n'y avait qu'un seul pirate à bord.

M. Yildirim a déclaré que l'information concernant une bombe ne pouvait être confirmée.

Le ferry assure normalement la liaison entre les villes d'Izmit et de Gölcük, sur la mer de Marmara, dans le nord-ouest de la Turquie.

Des parents des passagers du ferry attendaient angoissés, tard vendredi soir, dans les ports d'Izmir et de Gölcük, selon l'agence de presse Anatolie.

"Nous avons appris ce qui se passe par la presse. Nous n'avons pas pu téléphoner, bien qu'on ait essayé plusieurs fois", a déclaré l'un d'eux.

L'île-prison d'Imrali, sur laquelle est emprisonné à vie le chef du PKK Abdullah Öcalan, est située en mer de Marmara, à environ 120 kilomètres à vol d'oiseau au sud-ouest d'Izmit, et les médias spéculaient sur une tentative d'approche de l'île par les preneurs d'otages.

Des manifestations kurdes ont lieu régulièrement dans différentes villes de Turquie en soutien à Abdullah Öcalan, qui reste le chef du PKK en dépit de son emprisonnement.

La tension autour de la question des Kurdes, une communauté de 12 à 15 millions de personnes sur une population totale de 73 millions, a nettement augmenté ces derniers mois en Turquie.

Attentats, attaques contre la police ou l'armée, opérations militaires et arrestations en nombre de sympathisants du PKK se succèdent.

L'armée turque a ainsi lancé fin octobre une vaste offensive dans l'est du pays et en Irak du nord, où se replient les rebelles du PKK.

Mais de nombreux experts estiment que ces opérations militaires turques ont surtout pour objectif de calmer une partie de l'opinion qui réclame la manière forte contre les rebelles, sans permettre de venir à bout de la rébellion kurde.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.