Mardi 22 novembre 2011 à 12h56
ISTANBUL, 22 nov 2011 (AFP) — La police turque a procédé mardi à une vaste opération à travers le pays et arrêté plus de 70 personnes accusées de liens avec les rebelles kurdes, ont rapporté les médias turcs.
Les opérations policières ont essentiellement eu lieu à Istanbul et à Diyarbakir (sud-est), mais aussi dans différentes villes de Turquie, selon la chaîne d'information NTV qui avait dans un premier temps fait état de 60 interpellations.
Des avocats du chef rebelle kurde Abdullah Öcalan, emprisonné à vie, ainsi que des membres du principal parti pro-kurde (BDP, parti pour une société démocratique), figurent parmi les suspects arrêtés, accusés de faire partie du KCK (Union des communautés kurdes), a-t-on souligné de source de sécurité locale à Diyarbakir.
Selon l'agence semi-officielle Anatolie, 47 avocats d'Öcalan, qui lui rendent visite régulièrement dans sa prison d'Imrali (nord-ouest) et par le biais desquels le chef kurde transmet des messages à l'extérieur, sont parmi les gens interpellés.
Le KCK, une organisation clandestine, est soupçonnée dêtre la branche urbaine du mouvement armé PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), en lutte depuis 1984 contre le pouvoir central, d'abord pour l'indépendance, puis l'autonomie des régions kurdes de Turquie.
Les autorités accusent le KCK, qui chapeaute le mouvement politique kurde, de vouloir remplacer les institutions officielles dans l'est et le sud-est anatoliens, peuplés majoritairement de Kurdes, et de favoriser une insurrection dans ces régions.
Depuis 2009, 700 personnes, selon le gouvernement, et 3.500 dont des députés et des maires, selon les milieux kurdes, ont été incarcérées pour collusion avec le KCK.
Deux intellectuels de renom ont également été incarcérés dans le cadre de cette vaste enquête au début du mois. On leur reproche notamment d'avoir participé à un forum politique pro-kurde.
L'arrestation de Ragip Zarakolu, écrivain et éditeur, et de la constitutionnaliste Büsra Ersanli ont provoqué des protestations en Turquie et à l'étranger.
Mais le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé que la ligne dure serait maintenue contre les nationalistes kurdes. "La Turquie n'autorisera jamais un Etat parallèle (du KCK). Et il n'est pas question de baisser les armes" face au PKK, a récemment déclaré M. Erdogan, qui avait lancé, sans succès, en 2009, une tentative d'"ouverture démocratique" en direction des Kurdes.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.