Mardi 27 juin 2006 à 11h27
BAGDAD, 27 juin 2006 (AFP) — Le Haut tribunal pénal irakien a fixé au mardi 21 août le début du procès pour "génocide" de Kurdes lors de l'opération Anfal dans les années 1980 dans lequel est notamment accusé le président déchu Saddam Hussein.
"Le tribunal a fixé au lundi 21 août 2006 la date du début du procès", a indiqué un communiqué de cette instance qui juge Saddam Hussein, avec sept coaccusés, depuis le 19 octobre 2005 pour une autre affaire, le massacre de villageois chiite dans les années 1980.
"Après que le dossier de l'accusation dans les crimes d'Anfal eut été transmis en avril de cette année (au tribunal), l'affaire a été examinée par le procureur général et, après la fin de cette procédure, elle a été déférée à la deuxième chambre du Haut tribunal", a ajouté le communiqué.
"Le parquet a informé les avocats de la défense des accusations (portées contre leurs clients) et leur a transmis des copies des dépositions et des documents relatifs à l'affaire conformément aux articles 40 et 41 du Code de procédure pénale", selon le texte.
L'instruction sur le rôle du président déchu dans la campagne antikurde d'Anfal ayant fait plus de 100.000 morts a été bouclée et sera transmise au tribunal, avait indiqué le 1er avril le procureur général irakien Jaafar al-Moussaoui.
Trois jours plus tard, Saddam Hussein et six coaccusés avaient été inculpés de "génocide" lors de l'opération Anfal, présentée par l'ancien régime comme une opération de contre-insurrection en temps de guerre.
La personne de Ali Hassan al-Majid, le cousin de Saddam Hussein, est centrale dans l'affaire ainsi que les nombreuses accusations dont il fait l'objet notamment pour utilisation de gaz toxiques, exécutions massives, et établissement de camps de détention pour soumettre le Nord kurde.
Les cinq autres accusés sont des ex-responsables du parti Baas, au pouvoir à l'époque, et un ex-ministre de l'Industrie.
Selon diverses estimations, en plus des 100.000 personnes tuées, plus de 3.000 villages ont été détruits pendant cette campagne qui a provoqué également un déplacement massif de la population kurde.
Entre 1987 et 1989, de nombreux assauts ont été lancés contre les Kurdes dans le nord du pays, avec notamment le gazage de la population de Halabja en 1988 qui a fait 5.000 morts.
Cependant, le cas de Halabja n'est pas inclus dans l'accusation rendue publique mardi.
L'armée irakienne a gazé Halabja en représailles à la prise de la ville par des combattants kurdes (peshmergas) soutenus par les Gardiens de la révolution iraniens.
Du nom d'une sourate du Coran signifiant "butin", Anfal a consisté en des bombardements systématiques, des gazages et des assauts menés contre diverses parties de la région autonome du Kurdistan en 1988.
Vers 1986, de larges secteurs de la région kurde ont été libérés du contrôle du gouvernement central, soumis à des pressions croissantes en raison de la guerre avec l'Iran.
Début 1987, Saddam Hussein a chargé ainsi Ali Hassan al-Majid, dit "Ali le chimique", de ramener la région sous son contrôle. Ce dernier a déclaré des "zones interdites" dans la région, où il a considéré tous les habitants comme des insurgés.
Les villageois ont été transférés vers des zones pouvant être facilement contrôlées par Bagdad, alors que les "zones interdites" ont été bombardées et puis envahies.
Selon l'organisation Human Rights Watch (HRW), basée aux Etats-Unis, ces campagnes, plus que de simples opérations de contre-insurrection, étaient destinées à exterminer le peuple kurde.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.