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Irak: le Premier ministre demande aux Kurdes de remettre le vice-président


Mercredi 21 decembre 2011 à 19h28

BAGDAD, 21 déc 2011 (AFP) — Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a appelé mercredi le Kurdistan autonome à remettre à la justice le vice-président Tarek al-Hachémi, sous le coup d'un mandat d'arrêt pour complot, sur fond de crise politique opposant chiites et sunnites.

Un an exactement après le vote de confiance du Parlement au gouvernement d'union nationale, M. Maliki a également menacé de remplacer les ministres du bloc parlementaire laïque Iraqiya, soutenu par les sunnites, si ce dernier continuait de boycotter le gouvernement.

Cette crise intervient quelques jours après que les derniers soldats américains ont quitté le pays, laissant derrière eux un Irak "souverain, stable, autosuffisant, avec un gouvernement représentatif qui a été élu par son peuple", selon les termes du président américain Barack Obama.

Les Etats-Unis ont appelé au calme, mais après avoir invité au dialogue ces derniers jours, M. Maliki s'est montré particulièrement ferme mercredi lors d'une conférence de presse.

"Les ministres n'ont pas le droit de suspendre leur participation au gouvernement parce qu'ils seront considérés comme démissionnaires", a-t-il déclaré à propos des neuf ministres d'Iraqiya.

Deuxième groupe parlementaire avec 82 députés, derrière la coalition chiite de l'Alliance nationale (159 députés), Iraqiya a annoncé lundi un boycott du gouvernement, deux jours après avoir suspendu sa participation aux travaux du Parlement, en dénonçant la "dictature" de M. Maliki.

"S'ils ne reviennent pas, nous nommerons des remplaçants", a menacé le Premier ministre, qui a déjà réclamé le limogeage de Saleh Moutlak, vice-Premier ministre du même bloc, parce que ce dernier l'a qualifié de "dictateur pire que Saddam Hussein". Le Parlement doit se pencher sur cette demande le 3 janvier.

Auparavant, M. Maliki avait demandé au gouvernement du Kurdistan irakien de "prendre ses responsabilités" et de remettre à la justice M. Hachémi, qui se trouve actuellement à Erbil, capitale de cette région autonome.

"Nous n'acceptons aucune interférence dans la justice irakienne", a insisté M. Maliki.

Le Premier ministre a aussi refusé que des représentants de la Ligue arabe suivent l'enquête et assistent à tous les interrogatoires, comme le réclame M. Hachémi: "Il s'agit d'une affaire criminelle, il n'y a nul besoin que la Ligue arabe ou le monde y jouent un rôle".

Selon des responsables de sécurité, au moins 13 gardes du corps du vice-président ont été arrêtés ces dernières semaines, et plusieurs ont avoué avoir organisé et commis des attentats, avec des fonds et un soutien du vice-président.

M. Hachémi a rejeté toutes les accusations et son bureau a assuré que seuls trois gardes du corps avaient été arrêtés et que leurs aveux étaient montés de toutes pièces.

Lundi, le président du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, avait appelé à "une réunion d'urgence" des forces politiques pour éviter une "crise profonde". En novembre 2010, il avait déjà accueilli une réunion décisive qui avait permis la mise en place du gouvernement d'union nationale après neuf mois d'impasse.

Selon la Maison Blanche, le vice-président américain, Joe Biden, s'est entretenu mardi par téléphone avec M. Maliki, l'appelant à régler dans le dialogue cette crise qui menace la trêve fragile établie il y a un an entre les différentes forces politiques du pays.

Le chef du Parlement, le sunnite Ossama al-Noujaifi, également membre d'Iraqiya, a affirmé dans un communiqué que M. Biden lui avait dit que "certaines personnes essayent de déclencher des violences confessionnelles au lendemain du départ des forces américaines".

Il a ensuite rencontré l'ambassadeur d'Iran à Bagdad, alors que Washington a à plusieurs reprises accusé Téhéran de s'ingérer dans les affaires politiques de l'Irak.

Des responsables américains ont confirmé que David Petraeus, actuel directeur de la CIA et ancien commandant militaire en Irak, s'était rendu à Bagdad ces derniers jours. Mais ils ont assuré qu'il s'agissait d'une visite prévue de longue date et qu'il n'avait pas eu de discussions politiques.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.