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Irak/pétrole: nouvelles tensions entre le Kurdistan et le gouvernement


Lundi 26 mars 2012 à 20h34

BAGDAD, 26 mars 2012 (AFP) — De nouvelles tensions liées au pétrole ont surgi lundi entre la région autonome du Kurdistan irakien et le gouvernement central, accusé par Erbil d'importants arriérés de paiement et d'avoir conclu un accord illégal avec la major BP.

Ces nouveaux litiges interviennent sur fond de conflit territorial persistant entre le Kurdistan et Bagdad, et alors que la capitale s'apprête à accueillir son premier sommet de la Ligue arabe depuis plus de 20 ans, signant le retour de l'Irak sur la scène régionale.

Le Kurdistan a menacé lundi de mettre fin à ses exportations de brut si Bagdad n'honorait pas ses dettes envers elle.

"Les exportations de pétrole de la région du Kurdistan ont été réduites à 50.000 barils par jour (bj) et pourraient cesser d'ici un mois si le gouvernement fédéral à Bagdad continue de bloquer les paiements aux compagnies productrices", a affirmé le gouvernement régional dans un premier communiqué publié sur son site internet.

Le texte, qui cite le porte-parole du ministère kurde des Ressources naturelles, souligne que la dette cumulée du gouvernement central envers le Kurdistan s'élève à "près de 1,5 milliard de dollars". Le dernier versement remonte à mai 2011.

Le Kurdistan précise qu'il "maintient son objectif d'exportation de 175.000 bj prévu dans le budget 2012 de l'Irak et pourrait exporter beaucoup plus si le gouvernement honorait ses engagements à payer".

Le Kurdistan et Bagdad sont en conflit sur de nombreux thèmes. Ces derniers mois, le cas de la major pétrolière américaine ExxonMobil, qui souhaite s'implanter à la fois dans les deux parties du pays, ce que refuse catégoriquement le gouvernement, a suscité une vive polémique.

Erbil et Bagdad s'opposent aussi sur la souveraineté d'une bande longue de 650 km, riche en hydrocarbures, à cheval sur quatre provinces et comprenant la ville multiethnique de Kirkouk. Cet épineux dossier est considéré comme l'une des principales menaces sur la stabilité de l'Irak à terme.

Un nouveau point de litige est apparu lundi soir lorsque les autorités kurdes ont reproché au gouvernement central de vouloir conclure un accord avec BP sans les avoir consultées, ce qui est selon elles contraire à la Constitution.

Cette prise de position intervient "suite à des informations selon lesquelles la compagnie publique North Oil Company (NOC) a signé ou est sur le point de signer un accord préliminaire avec BP pour accroître la production dans le gisement de Kirkouk", selon un communiqué distinct.

Un accord préliminaire a été conclu entre BP et la NOC la semaine dernière pour faire passer la production de Kirkouk de 280.000 à 580.000 bj à partir de début 2014, a indiqué un responsable de la NOC, Hussein Ghulam.

Le Kurdistan "demande au ministère fédéral du Pétrole et à la North Oil Company de respecter la Constitution du pays et de s'asseoir rapidement avec toutes les parties concernées pour décider de la meilleure façon de renforcer et revitaliser les gisements actuels de Kirkouk", selon le communiqué.

"En attendant, le Kurdistan demande aux compagnies pétrolières internationales de s'abstenir de toute activité enfreignant la Constitution", selon le texte.

Le président kurde Massoud Barzani avait accusé la semaine dernière le Premier ministre Nouri al-Maliki de monopoliser le pouvoir.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.