Page Précédente

Irak: Moqtada Sadr au Kurdistan pour résoudre la crise politique


Jeudi 26 avril 2012 à 17h24

erbil, 26 avr 2012 (AFP) — Le chef radical chiite irakien Moqtada Sadr s'est présenté jeudi à son arrivée à Erbil, capitale de la région autonome du Kurdistan, comme un médiateur entre le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki et le chef kurde Massoud Barzani, qui sont à couteaux tirés.

Venu d'Iran où il poursuit ses études religieuses, il a indiqué aux journalistes avoir une liste de 18 points qu'il entend discuter avec les responsables kurdes pour tenter de mettre fin à quatre mois de crise politique.

"J'ai rencontré Nouri Maliki à Téhéran et je suis venu ici pour écouter l'opinion et les points de vues des dirigeants kurdes. Chacun doit regarder l'intérêt général et l'unité du peuple irakien et j'espère que chacun fera preuve de responsabilité", a-t-il dit.

Il a critiqué indirectement M. Maliki, qu'il avait déjà qualifié de dictateur, en affirmant que "les minorités représentent une part importante de l'Irak". "Nous devons les faire participer politiquement, économiquement et en matière de sécurité (...) Il faut en finir avec la politique de marginalisation", a-t-il ajouté.

Dans un pays à majorité chiite, les Kurdes comme la formation laïque Iraqiya, soutenue par les sunnites, fustigent le pouvoir personnel de Nouri al-Maliki et l'accusent de prendre ses décisions sans consulter son gouvernement.

Mais M. Sadr a également implicitement blâmé les Kurdes. "L'interêt national, l'unité de l'Irak, et son indépendance doivent primer sur l'intérêt confessionnel ou ethnique", a-t-il ajouté.

Le chef chiite s'en est pris aussi à la Turquie qui avait accusé le Premier ministre de discrimination à l'égard des sunnites. "Nous rejetons l'interférence de n'importe quel pays dans les affaires intérieures irakiennes", a-t-il dit.

"C'est une visite historique qui renforcera les relations entre le Kurdistan et le reste de l'Irak et qui va permettre d'offrir plus de stabilité dans la situation politique du pays", a estimé Fouad Hussein, chef du bureau de la présidence kurde.

Auparavant, lors d'une conférence de presse à Bagdad, le porte-parole de Moqtada Sadr, cheikh Salah al-Obeidi, avait indiqué qu'une telle action était nécessaire pour "résoudre la crise" en Irak.

Le chef du Kurdistan autonome, Massoud Barzani, inquiet des conséquences d'un pouvoir fort à Bagdad, a multiplié ces derniers temps les attaques contre le chef de gouvernement irakien l'accusant de se conduire en dictateur en concentrant tous les pouvoirs entre ses mains.

Le 20 mars, M. Barzani avait accusé dans un discours M. Maliki de mettre sur pied une force armée à ses ordres. "On assiste à une tentative de mettre sur pied une armée d'un million d'âmes dévouées à une seule personne", avait-il souligné.

"Où, dans le monde, une seule et même personne peut-elle être Premier ministre, chef des armées, ministre de la Défense, ministre de l'Intérieur, chef des services secrets et chef du conseil de sécurité nationale ?", avait-il martelé.

Il avait également menacé à plusieurs reprises de faire sécession si la tension actuelle se poursuivrait.

Après sa visite à Erbil, M. Sadr pourrait se rendre à Najaf, au centre de l'Irak, selon un responsable de son bureau.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.