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Les Kurdes, un peuple divisé entre quatre pays


Mercredi 20 mars 2013 à 12h14

ANKARA, 20 mars 2013 (AFP) — Les Kurdes, musulmans sunnites dans leur majorité, sont établis sur près d'un demi-million de kilomètres carrés, aux confins de la Turquie, de l'Iran, de l'Irak et de la Syrie.

Peuple d'origine indo-européenne, les Kurdes descendent des Mèdes de l'ancienne Perse, qui fondèrent un empire au VIIe siècle avant J.C.

Leur nombre total varie, selon les sources officielles ou kurdes, de 25 à 35 millions de personnes. Le plus grand nombre vit en Turquie (12 à 15 millions), suivie de l'Iran (environ 5 millions), de l'Irak (près de 4,5 millions) et de la Syrie (quelque 2 millions).

D'importantes communautés kurdes vivent également en Azerbaïdjan, en Arménie et au Liban ainsi qu'en Europe, notamment en Allemagne.

Situés dans des zones à l'intérieur des terres, les Kurdes ont su préserver leurs dialectes, leurs traditions et un mode d'organisation largement clanique.

L'effondrement de l'Empire ottoman à l'issue de la première guerre mondiale ouvrit la voie à la création d'un Etat kurde, prévue par le traité de Sèvres en 1920, situé dans l'est de l'Anatolie et dans la province de Mossoul. Mais après la victoire de Mustafa Kemal, "Atatürk", en Turquie, les Alliés revinrent sur leur décision et, en 1923, le traité de Lausanne consacra la domination de la Turquie, de l'Iran, de la Grande-Bretagne (pour l'Irak) et de la France (pour la Syrie) sur les populations kurdes.

Revendiquant la création d'un Kurdistan unifié, les Kurdes sont considérés comme une constante menace à l'intégrité territoriale des pays où ils sont installés.

En Turquie, une rébellion armée, menée par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) contre le pouvoir central a fait 45.000 morts depuis 1984. Le PKK, qui a pris les armes pour la création d'un Etat kurde indépendant, ne revendique plus désormais qu'une autonomie des régions de peuplement kurdes et des droits collectifs accrus.

Les rebelles kurdes ont déjà observé plusieurs cessez-le-feu unilatéraux, toujours rejetés par les autorités d'Ankara, et procédé à plusieurs libérations de prisonniers. Au terme d'une année 2012 particulièrement meurtrière, les autorités d'Ankara ont repris le dialogue avec le chef du PKK Abdullah Öcalan, qui purge depuis 1999 une peine de réclusion à perpétuité. Le chef rebelle kurde doit appeler ses troupes à un cessez-le-feu, jeudi à l'occasion du Nouvel an kurde.

Autonomie

La communauté kurde irakienne a longtemps été persécutée, en particulier sous le régime de Saddam Hussein qui la déplaça de force, au début des années 1970, puis, bombarda à l'arme chimique la ville de Halabja, en 1988, faisant près de 5.000 morts.

En 1991, après la fin de la guerre du Golfe, plus de deux millions de Kurdes irakiens fuirent la répression irakienne, poussant les alliés occidentaux à instaurer une zone d'exclusion aérienne au nord du 36e parallèle.

Aujourd'hui, les Kurdes d'Irak ont obtenu une forme d'autonomie: formée de trois provinces, la région autonome du Kurdistan irakien dispose de son propre gouvernement, de ses forces de sécurité, ses postes-frontières et son drapeau, mais reçoit toujours une partie du budget fédéral. Les relations entre Erbil et Bagdad se sont considérablement dégradées ces derniers mois en raison de revendications territoriales kurdes, concernant notamment la province de Kirkourk, et de différends sur des contrats pétroliers.

En Syrie, les Kurdes qui représentent environ 15% de la population, surtout dans le Nord, se sont engagés très prudemment dans la contestation qui secoue le pays depuis deux ans. Ils ont essayé d'empêcher les rebelles de pénétrer dans leurs régions pour éviter des représailles du régime.

En Iran, au lendemain de la Révolution islamique de 1979, un soulèvement kurde a été sévèrement maté par les autorités et les partis représentant cette minorité, en particulier le Parti démocratique du Kurdistan iranien (PDKI), ont été interdits. En juillet 2011, les Gardiens de la révolution ont lancé une vaste offensive contre les groupes rebelles kurdes au nord-ouest de l'Iran, tuant le numéro deux du Parti pour une vie libre au Kurdistan (PJAK), principal mouvement kurde de lutte contre le régime de Téhéran, proche du PKK.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.