Jeudi 6 juin 2013 à 15h43
STRASBOURG, 06 juin 2013 (AFP) — Quinze membres d'un clan turc d'origine kurde ont été interpellés en France et en Allemagne, soupçonnés d'avoir mis en place un vaste système d'escroqueries et fraudes aux prestations sociales dans le secteur du bâtiment en Alsace pour un préjudice de plusieurs millions d'euros, a-t-on appris jeudi de sources proches de l'enquête.
L'enquête, entamée il y a plusieurs mois, a permis d'identifier une société basée dans la périphérie de Strasbourg, dirigée par "un gérant de paille", et qui employait les membres du clan.
Ces derniers négociaient des contrats de démolition de structures métalliques auprès de grands groupes, qu'ils sous-traitaient ensuite à des structures éphémères.
Ces sociétés sous-traitantes s'abstenaient de régler les charges et cotisations sociales, puis étaient vidées de leurs actifs et mises en liquidation judiciaire, selon un enquêteur. Comme les salariés avaient bénéficié, juste avant la liquidation, d'importantes hausses de salaire, ils pouvaient ensuite bénéficier d'indemnités conséquentes de l'AGS, une agence liée à l'Unédic chargée de garantir les rémunérations des employés en cas de défaillance de l'entreprise.
Selon un enquêteur, "le préjudice global pour les divers organismes dépasse les dix millions d'euros", tandis que d'autres sources évoquent seulement "plusieurs millions d'euros".
Grâce aux informations collectées par les brigades financières de la sûreté départementale et de la police judiciaire, plus d'une centaine de policiers ont, sous l'égide du Groupement d'intervention régionale, interpellé lundi 14 membres du clan. Un quinzième a été arrêté par la police allemande à Kehl (ville allemande limitrophe de Strasbourg).
Soupçonné d'être le "patriarche" du clan, ce dernier, un entrepreneur turc de 56 ans qui faisait l'objet d'un mandat d'arrêt européen, est actuellement écroué en Allemagne en attendant son extradition, a précisé un porte-parole du parquet d'Offenbourg (sud de l'Allemagne).
Trois suspects devaient être présentés jeudi à la Juridiction inter-régionale spécialisée (JIRS) de Nancy, et plusieurs autres devaient être déférés vendredi.
Plus de 60.000 euros, 5.000 francs suisses, des bijoux et des véhicules ont été saisis, ainsi que des comptes bancaires bloqués en Allemagne.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.