Mardi 23 juillet 2013 à 17h24
BEYROUTH, 23 juil 2013 (AFP) — Les combattants kurdes ont effectué des avancées dans le nord de la Syrie, où ils cherchent à établir une région autonome, ce qui accentue la méfiance entre les Arabes et cette communauté, a rapporté mardi une ONG.
Des combats ont eu lieu dans plusieurs villages mixtes de la province de Raqa, à la frontière avec la Turquie, dont Yabseh, Kandal ou Jalbeh, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), basé en Grande-Bretagne.
Selon cette organisation qui s'appuie sur un large réseau de militants et sources médicales en Syrie, les Kurdes ont chassé les jihadistes des villages de Kour Hassou, Atwane, Sarej et Khirbet Alou dans la même zone, proches de la ville majoritairement kurde de Cobany.
Plus à l'est, dans la province d'Hassaké à majorité kurde, des combats entre des Kurdes et des membres du front jihadiste Al-Nosra ou de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), un groupe lié à al-Qaïda, se sont poursuivis pour la septième journée consécutive dans la zone de Jal Agha et d'autres villages, indique l'Observatoire.
Le Front al-Nosra et l'EIIL ont été expulsés il y a une semaine de la ville kurde de Ras al-Aïn, point de passage stratégique entre la Turquie et la Syrie, par des combattants des Comités pour la protection du peuple kurde (YPG), la branche armée d'une émanation syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Depuis, les violences se sont répandues de la province d'Hassaké vers plusieurs points chauds dans la province de Raqa.
"Nous observons l'extension des combats entre Kurdes et jihadistes vers l'ouest, via des zones où cohabitent des communautés kurdes et arabes", a souligné le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
Même si les heurts concernent des groupes jihadistes et des combattants kurdes, "le fossé se creuse (aussi) entre les habitants arabes et kurdes de ces zones", a ajouté M. Abdel Rahmane.
"La bataille évolue d'un combat entre YPG et jihadistes vers une lutte plus générale entre Kurdes et Arabes", a-t-il expliqué.
Avant le début du soulèvement contre le président Bachar al-Assad en mars 2011, les Kurdes étaient très marginalisés -- l'une des premières mesures consenties par M. Assad au début de la contestation avait été d'octroyer la nationalité syrienne à partie d'entre eux, qui en était privée.
A partir de mi-2012, les forces de M. Assad se sont retirées des zones kurdes, laissant des conseils kurdes locaux les prendre en main.
Ces changements ont fait remonter à la surface une méfiance profondément ancrée entre les deux communautés, exacerbée par l'incapacité de l'opposition syrienne à faire une place à des représentants de mouvements kurdes au sein de leurs instances, ont indiqué des militants.
Entre Kurdes et rebelles, "il n'y a pas de confiance sur le plan politique depuis le début" de la révolte, a indiqué à l'AFP un militant kurde syrien, Havidar, joint via internet.
"Nous (les Kurdes, NDLR) avons tous soutenu la révolution, mais malheureusement, l'opposition syrienne (...) a manipulé les Kurdes (...) et les a marginalisés," a ajouté Havidar.
En conséquence, "il y a une division flagrante désormais" entre Kurdes et Arabes, estime-t-il.
Un responsable kurde appartenant à la Coalition de l'opposition a souhaité la fin de la violence en assurant que le seul à profiter de ces dissensions est le régime de Bachar al-Assad.
"Celui qui bénéficie de toutes ces opérations (armées) c'est le régime", a affirmé à l'AFP Abdel Basset Sayda, ajoutant "nous devons préserver l'unité de la Syrie".
Selon lui, les YPG ne représentent pas tous les Kurdes, pas plus que les jihadistes ne représentent tous les Arabes dans le nord du pays. "Chacun a son propre plan, (...) Mais nous avons besoin de calme et nous appelons toutes les parties au dialogue", a-t-il ajouté.
Il faisait allusion à la volonté des Kurdes de constituer un territoire autonome et des jihadiste de constituer un Etat islamique.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.