Lundi 19 août 2013 à 21h27
ERBIL (Irak / Irak), 19 août 2013 (AFP) — Plus de 30.000 Syriens se sont réfugiés dans la région autonome du Kurdistan irakien depuis jeudi pour fuir les combats entre Kurdes et jihadistes en Syrie, a annoncé l'ONU lundi, en évoquant un afflux sans précédent en Irak.
"De l'ordre de quelque 5.000 personnes sont arrivées aujourd'hui. Cela porte le nombre (de réfugiés) à 30.000 depuis jeudi", a affirmé à l'AFP Peter Kessler, un porte-parole du Haut Commissariat de l'ONU aux réfugiés (UNHCR).
Pour répondre à cet afflux, le HCR a envoyé 70 camions transportant de l'aide, ainsi que 2.100 tentes, deux entrepôts préfabriqués et des containers d'eau, a détaillé M. Kessler.
"Je n'ai jamais vu quelque chose comme ce qui s'est passé jeudi, samedi et dimanche", a affirmé Emily Dakin, représentante de l'organisation non-gouvernementale américaine International Rescue Committee (IRC) en Irak.
Alors qu'elle explique avoir vu des réfugiés "aussi loin que les yeux pouvaient voir", Peter Kessler a assuré que cette vague de réfugiés était la plus importante depuis novembre 2012, lorsque 9.000 Syriens avaient traversé la frontière vers la Turquie.
"Ils sont effrayés et nerveux", a-t-il ajouté, en soulignant que les réfugiés faisaient état de "combats et de tensions, mais aussi de l'effondrement de l'économie dans leurs régions d'origine".
Selon un journaliste de l'AFP sur place, les Syriens traversant la frontière transportaient avec eux des bagages contenant des vêtements et effets personnels, et embarquaient dans des bus qui les attendaient côté irakien pour les conduire vers des camps de réfugiés.
D'après Emily Dakin, malgré les efforts déployés sur place, équiper les camps en sanitaires et approvisionnement en eau adéquats pourrait prendre jusqu'à un mois.
Les travailleurs humanitaires et les autorités du Kurdistan irakien ont lancé un appel à la communauté internationale réclamant plus de moyens pour faire face "au nombre (de réfugiés) qui augmente constamment", a expliqué Dindar Zebari, adjoint du département des Affaires étrangères de la province autonome du Kurdistan irakien.
Nombre de familles ont été prises au piège des combats qui font rage entre les Kurdes syriens et des jihadistes du Front al-Nosra, en particulier depuis que des milices kurdes ont chassé en juillet des jihadistes de la ville de Ras al-Aïn, à la frontière turque.
Dans le nord-est de la Syrie, les forces du régime s'étaient retirées de la plupart des régions kurdes l'année dernière, laissant les responsables kurdes gérer les affaires locales. Mais les jihadistes liés à al-Qaïda et combattant le régime syrien considèrent ces régions comme stratégiques pour assurer un lien avec leurs frères d'armes en Irak.
Cet afflux soudain de Syriens, en majorité Kurdes, contraste avec le nombre relativement réduit de réfugiés que l'Irak accueillait jusque-là --154.000 selon l'ONU avant le flux débuté jeudi-- comparé aux autres pays frontaliers de la Syrie, Liban et Jordanie en tête.
Au total, près de deux millions de Syriens ont fui le pays depuis le début du conflit.
Les tensions qui traversent le Kurdistan irakien et la crainte de voir le conflit syrien déborder de l'autre côté de la frontière avaient poussé les autorités kurdes irakiennes à fermer la frontière en mai.
Certaines restrictions ont été levées le mois dernier, mais le nombre de personnes autorisées à franchir la frontière était jusqu'alors resté restreint.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.