Mardi 7 novembre 2006 à 10h45
BAGDAD, 7 nov 2006 (AFP) — L'ancien président irakien Saddam Hussein est revenu devant ses juges mardi dans son procès pour "génocide" contre les Kurdes, deux jours après sa condamnation à mort par pendaison pour le massacre de villageois chiites dans les années 1980.
Le président déchu, en costume de couleur sombre, est apparu détendu et souriant en prenant son siège au box des accusés.
La 21e audience s'est ouverte en l'absence des avocats de la défense qui boycottent le procès pour protester contre l'intervention selon eux du gouvernement dans la nomination du juge Mohammed al-Oreibi al-Khalifa.
La défense est assurée par des avocats commis d'office que les accusés récusent.
Saddam Hussein et six accusés, dont son cousin Hassan al-Majid, dit "Ali le chimique", sont accusés dans ce procès d'avoir ordonné et mis en oeuvre les campagnes militaires d'Anfal en 1987-1988 dans le Kurdistan, qui ont fait 180.000 morts, selon l'accusation. Tous risquent la peine de mort.
Dimanche, l'ancien homme fort de Bagdad a été condamné à la peine de mort dans le cadre du procès de Doujaïl, un village au nord de Bagdad, où il était poursuivi pour avoir ordonné l'exécution de 148 villageois chiites en représailles à un attentat contre son convoi dans les années 1980.
La dernière audience du procès Anfal s'était tenue le 31 octobre, avant qu'il ne soit ajourné, dans l'attente du verdict de Doujaïl.
Le premier témoin à intervenir mardi devant le tribunal, Qahar Khalil Mohammed, a raconté comment le 25 août 1988, les habitants de son village dans le Kurdistan (nord), pris de panique en apprenant que l'armée irakienne allait les attaquer, ont tenté de fuir.
"Les gens tentaient de s'évader mais ne pouvaient pas. Les militaires sont arrivés dans le village, certains parmi nous ont dit qu'on devait se rendre, d'autres ont tenté de se suicider", a dit ce témoin.
"Nous avons envoyé des personnes âgées auprès de l'armée pour connaître ses intentions, et un officier a juré sur le coran et au nom de Saddam Hussein et du parti (Baas) qu'aucun mal ne nous serait fait, alors nous avons décidé de nous rendre".
Mais les militaires irakiens "nous ont emmenés hors du village et ont séparé hommes, femmes et enfants. L'armée a rassemblé 37 hommes dont moi et a commencé à tirer sur nous sans distinction. Les militaires ont rechargé leur kalachnikov et tiré de nouveau", a-t-il ajouté.
"Au total, 33 personnes ont été tuées, j'ai perdu mon père et mes deux frères. Quant à moi j'ai reçu une balle au dos et au front", a dit le témoin qui a enlevé son turban pour montrer les traces de balle sur son front et relevé son habit pour montrer ceux dans son dos.
"Je veux que tout le monde voit mes blessures", a-t-il poursuivi. "J'ai pu survivre et j'ai quitté l'endroit après le départ des militaires". Il a affirmé avoir perdu 18 membres de sa famille dans ce massacre.
"J'ai retrouvé mon neveu, toujours en vie, je l'ai transporté et sommes parvenus à partir avant d'être rattrapés par des soldats de Saddam et conduits dans un camp de détention appelé Baherka". Dans ce camp, le témoin affirme avoir vu médecin introduire un tournevis dans la plaie d'un détenu.
Il passe trois ans dans le camp, où au mois 10.000 personnes, hommes, femmes, enfants sont détenus avant d'être relâchés à la suite d'une amnistie.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.