Lundi 27 novembre 2006 à 10h15
BAGDAD, 27 nov 2006 (AFP) — L'ancien président irakien Saddam Hussein est revenu devant ses juges lundi dans le procès pour "génocide" contre les Kurdes, qui reprend après près de trois semaines d'interruption.
Le président déchu et six coaccusés, dont son cousin Hassan al-Majid dit "Ali le chimique", étaient présents dans le box des accusés du Haut tribunal pénal, à l'ouverture de la 23e audience.
Le tribunal va terminer d'entendre cette semaine des témoins de l'accusation, avant de passer aux témoignages des experts.
Le premier témoin, Taimor Abdallah Rokhzai, portant costume et cravate, est âgé de 30 ans. Il a commencé à raconter comment les habitants de son village avaient été capturés par l'armée irakienne en avril 1988, au Kurdistan (nord).
"Les femmes et les enfants ont été séparés des hommes. J'avais 12 ans, j'étais donc avec les premiers. Nous avons été emmenés d'un camp à un autre, deux petites filles sont mortes pendant ces déplacements", a-t-il témoigné, avec calme.
"Nous avons été chargés dans un véhicule, puis on nous a fait descendre dans un endroit reculé. Il y avait une tranchée. On nous a alignés, puis un soldat a ouvert le feu, j'ai été touché à l'épaule", a-t-il ajouté.
"J'ai supplié le soldat, +pourquoi tirer, nous ne sommes que des femmes et des enfants ?+ J'ai vu des balles déchirer le crâne d'une femme et répandre son cerveau sur le sol, j'ai vu une femme enceinte abattue. C'était horrible", a poursuivi Taimor Abdallah Rokhzai.
"Les soldats ont continué à tirer, puis le silence est soudain revenu. Je m'attendais à mourir. Mon corps était couvert de sang. Je me suis extirpé de la tranchée", a-t-il encore dit.
La précédente audience avait eu lieu le 8 novembre. Le juge Mohammed al-Oreibi al-Khalifa avait ensuite ajourné le procès au 27 novembre, pour donner à la défense le temps nécessaire pour présenter ses témoins.
Seuls deux avocats de l'équipe initiale de la défense se trouvaient au tribunal lundi. Les autres avocats boycottent le procès depuis l'éviction du précédent juge, à la suite de pressions politiques. Des avocats commis d'office représentent les accusés.
Les sept ex-dirigeants sont jugés pour avoir ordonné et mis en oeuvre les campagnes militaires d'Anfal en 1987-1988 dans le Kurdistan, qui ont fait 180.000 morts selon l'accusation. Tous risquent la peine de mort.
L'ancien homme fort de l'Irak a été condamné à mort par pendaison le 5 novembre dans un autre procès, pour l'exécution de 148 villageois chiites dans les années 1980, en représailles à un attentat contre le convoi présidentiel à Doujail, au nord de Bagdad.
Une procédure d'appel automatique qui peut prendre plusieurs mois a été engagée. Si le verdict est confirmé par la Cour d'appel du Haut tribunal pénal, la peine doit être appliquée dans un délai de 30 jours.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.