Mercredi 13 decembre 2006 à 19h24
WASHINGTON, 13 déc 2006 (AFP) — Le président George W. Bush a consulté mercredi les dirigeants kurdes avant de prendre le temps de la réflexion pour annoncer une nouvelle stratégie en Irak, malgré la pression grandissante des Américains et des voisins d'un pays au bord de la guerre civile.
M. Bush devait boucler au Pentagone un cycle de consultations avec son administration et ses généraux avant, selon le mot de la Maison Blanche, de "digérer" les informations recueillies pour rendre publique sa décision, a priori en janvier.
Mais des entretiens téléphoniques avec les dirigeants kurdes irakiens Jalal Talabani et Massoud Barzani ont confirmé que son agenda restait ouvert et que l'une des hypothèses de travail de M. Bush était la formation d'un "bloc modéré" pour renforcer la fragile assise du Premier ministre Nouri al-Maliki.
"Nous avons parlé ces jours derniers d'un bloc modéré qui comprend des dirigeants sunnites, chiites et kurdes", les trois grandes communautés irakiennes, et MM. Talabani et Barzani "entrent dans ce bloc modéré (...) non seulement en contribuant à un soutien plus large au gouvernement, mais aussi en agissant contre ceux qui veulent le déstabiliser par des actes de terrorisme", a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche Tony Snow.
Au cours de la dernière quinzaine, M. Bush s'est entretenu directement avec M. Maliki, le chef du principal parti chiite Abdel Aziz Hakim, et le plus haut responsable politique sunnite, le vice-président Tareq al-Hachémi, avec l'intention apparente de former ce "bloc modéré".
Un tel bloc a tout pour fâcher le puissant dirigeant chiite radical Moqtada Sadr.
C'est à Moqtada Sadr que M. Maliki doit son accession à la tête du gouvernement. M. Maliki est accusé d'être aux mains de ce chef foncièrement antiaméricain dont les miliciens, tenus pour les principaux coupables des assassinats confessionnels, agiraient quasiment impunément.
Ceux qui décideront de ne pas se joindre au "bloc modéré" ont "des choix à faire", a déclaré M. Snow à la presse qui lui demandait ce qu'il adviendrait d'eux.
Le moyen de tenir Moqtada Sadr à l'écart semble être l'un des sujets de réflexion premiers de M. Bush, forcé à un vaste réexamen de sa politique irakienne par le déferlement de violences et la défaite de son camp aux élections parlementaires du 7 novembre.
La Maison Blanche espérait que M. Bush pourrait rendre publique une nouvelle stratégie avant Noël. Il a été contraint de repousser au-delà du 1er janvier.
L'administration a invoqué la complexité de la tâche et les multiples implications d'une nouvelle politique, y compris diplomatiques.
Les voisins de l'Irak s'inquiètent de ce que pourrait être la nouvelle politique américaine.
Le New York Times rapportait mercredi que l'Arabie Saoudite sunnite avait averti les Etats-Unis qu'elle pourrait soutenir les sunnites en cas de guerre contre les chiites irakiens si les troupes américaines se retiraient.
"Ce n'est pas la politique du gouvernement saoudien", a dit M. Snow en référence à un éventuel soutien saoudien à des combattants sunnites irakiens.
M. Bush est aussi soumis à la pression de son opinion. Un nouveau sondage publié par le Washington Post indiquait que, pour 52% des Américains, les Etats-Unis étaient en train de perdre cette guerre et que, pour 70% d'entre eux, M. Bush ne gérait pas l'affaire convenablement.
Très majoritairement, ils soutiennent les propositions d'un Groupe d'études sur l'Irak qui préconise un changement de cap radical en Irak.
M. Bush a cependant pris ses distances avec les plus cruciales de leurs recommandations.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.