Mercredi 18 janvier 2006 à 08h18
ERBIL (Irak), 18 jan 2006 (AFP) — "Nous avons peur et nous sommes en état d'alerte face à ce qui peut être une bombe à retardement". La phrase d'un responsable kurde résume la crainte d'une explosion de la grippe aviaire dans le nord de l'Irak, limitrophe de la Turquie.
"En dépit des mesures de précaution, nous sommes tenaillés par la peur d'une apparition de la maladie", a déclaré à l'AFP Azad Ezzeddine Molla Afandi, "ministre" de l'Agriculture du Parti démocratique du Kurdistan (PDK).
Outre l'interdiction de l'importation de volailles de Turquie, premier pays où le virus H5N1 a fait des morts hors de l'extrême-orient, avec 20 personnes contaminées dont 4 décédées, les autorités kurdes ont multiplié les mesures de précaution.
"Des ordres stricts ont été donnés aux aviculteurs pour installer à la porte de leurs fermes des bassins pour décontaminer les véhicules qui y entrent ou en sortent", a expliqué M. Afandi.
Selon lui, cette mesure s'applique aussi bien aux aviculteurs des provinces d'Erbil et de Dohouk, sous le contrôle de son parti, qu'à ceux de Soulaimaniyah, troisième province kurde.
Les deux premières provinces, outre le fait qu'elles se situent à proximité immédiate de la région turque où ont été recensés les cas de grippe aviaire, sont de grosses productrices de poulets et d'oeufs, avec lesquels elles approvisionnent l'ensemble du marché irakien.
Au poste-frontalier d'Ibrahim al-Khalil, d'importantes mesures ont été prises, dont la plus visible consiste à décontaminer les camions et les véhicules en provenance de Turquie.
"Le virus ignore les frontières", souligne Saman Halabji, porte-parole du service de Santé du PDK. "La maladie peut arriver avec les oiseaux migrateurs, mais jusqu'à présent on n'a heureusement recensé aucun cas" au Kurdistan irakien, ajoute-t-il.
Le vétérinaire du poste-frontière, le dr Abdel Khaleq Abdel Sattar, détaille les mesures consistant notamment à inspecter minutieusement les véhicules et les bagages pour empêcher l'entrée au Kurdistan d'Irak de volailles en provenance de Turquie.
"Nous faisons ce qui est en notre pouvoir pour prévenir une propagation du virus au Kurdistan", souligne-t-il, sans toutefois exclure la possibilité d'une apparition de la maladie.
Dans leur stratégie contre la grippe aviaire, les autorités ont mobilisé les médias, avec des conseils et une campagne d'information dans tout ce que la région compte comme stations de télévision, radios et publications écrites.
Un conseil revient avec insistance: s'adresser au centre de santé le plus proche en cas symptômes ressemblant à ceux de la maladie, comme les poussées de fièvre, les refroidissements et les crises de toux.
Aux ménagères, les radios et les télévisions expliquent qu'il faut cuire le poulet à une chaleur supérieure à 80 degrés avant de le consommer et laver les oeufs ainsi que ses mains avec du savon, conformément aux instructions de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Les boutiques de vente de volailles vivantes ont été fermées et les marchands ont commencé à se plaindre d'une baisse de la demande sur le poulet et les oeufs sans que des chiffres soient disponibles à ce sujet.
La peur de la maladie est réelle chez les habitants, dont certains trouvent que les autorités locales ne prennent pas assez de mesures de précaution.
"Les mesures ne sont pas au niveau requis et nous craignons une apparition de la maladie", souligne ainsi une ménagère d'Erbil de 39 ans, Salima Ali, sans pouvoir identifier les précautions supplémentaires à prendre.
Les autorités du PDK et de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) qui contrôle la province de Soulaimaniyah, ont formé un comité de coordination sur la grippe aviaire, en attendant la création projetée d'un seul exécutif pour la région autonome du nord de l'Irak.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.