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La Turquie condamnée à Strasbourg pour des tortures à des détenus


Mardi 31 juillet 2007 à 15h03

STRASBOURG (Conseil Europe), 31 juil 2007 (AFP) — La Turquie a été condamnée mardi à Strasbourg pour avoir infligé le supplice de la falaka (coups sur les pieds) à un prisonnier en 2000 à titre de punition et des tortures à des Kurdes pour leur arracher des aveux en 1999.

Sabri Diri, détenu en 2000 dans une prison de haute sécurité d'Istanbul pour appartenance à une organisation illégale, avait participé aux grèves de la faim organisées dans ces établissements pour protester contre la sévérité de leur régime et réprimées dans le sang par les autorités.

Des scintigraphies, pratiquées à la demande expresse de la Cour européenne des droits de l'homme, avaient permis de prouver l'existence de traumatismes dus au supplice de la falaka que la Turquie niait, ou attribuait à d'autres causes.

Dans un arrêt rendu mardi, la Cour européenne a estimé que M. Diri avait été torturé "intentionnellement dans le but de le punir et de briser sa résistance physique et morale aux autorités de la prison". Elle a alloué au requérant, qui vit actuellement en Suisse, 15.000 euros pour dommage moral.

Dans un autre arrêt, la Cour a attribué des sommes de 5.500 à 12.700 euros à 12 requérants kurdes résidant à Sirnak, arrêtés par les gendarmes en septembre 1999 pour appartenance à l'organisation terroriste illégale PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan.

Les requérants affirmaient avoir été privés d'alimentation, battus, pendus, avoir reçu des chocs électriques ou des jets à forte pression et subi des musiques ou des cris à fort volume sonore pour les contraindre à avouer.

Les juges européens ont donné raison à cinq d'entre eux pour les tortures, et reconnu aux sept autres notamment une durée excessive de leur garde à vue.

"Les autorités n'ont pas carte blanche pour arrêter des suspects et les placer en garde à vue, sans contrôle effectif des tribunaux, chaque fois qu'elles estiment qu'il y a eu une infraction terroriste", rappelle la Cour dans son arrêt.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.