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Syrie: 20 morts dans un attentat, les autorités promettent de "punir" les auteurs


Lundi 3 février 2025 à 20h29

Damas, 3 fév 2025 (AFP) — Les autorités syriennes ont promis de "punir" les auteurs d'un attentat à la voiture piégée qui a fait vingt morts lundi dans le nord de la Syrie, où des factions proturques affrontent des forces kurdes.

L'attaque est survenue à la veille du déplacement prévu du président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, à Ankara pour sa deuxième visite officielle à l'étranger après l'Arabie saoudite.

Le nouveau dirigeant a assuré lundi soir qu'il faudrait "entre quatre et cinq ans" avant d'organiser des élections en Syrie, dévastée par la guerre civile.

Plus tôt dans la journée, la présidence a indiqué dans un communiqué qu'"un attentat terroriste odieux a visé des civils dans la ville de Manbij, tuant 20 personnes".

"Ce crime ne passera pas sans que les responsables soient punis de la manière la plus sévère qui soit", a-t-elle averti.

Des factions proturques avaient pris ces dernières semaines le contrôle de la ville de Manbij aux forces dominées par les Kurdes, qui la tenaient depuis de longues années.

Citant les secouristes des Casques blancs, l'agence officielle syrienne Sana avait évoqué plus tôt "un massacre" sur une route à l'entrée de la ville de Manbij après "l'explosion d'une voiture piégée près d'un véhicule transportant des employés agricoles".

L'attentat, qui n'a pas encore été revendiqué, est le deuxième du genre depuis samedi. Neuf personnes, dont un nombre indéterminé de combattants proturcs, avaient alors été tuées dans l'explosion d'une voiture piégée près d'une de leurs positions à Manbij, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Des combats opposent depuis fin novembre les Forces démocratiques syriennes (FDS, dominées par les Kurdes), soutenues par les Etats-Unis, aux groupes syriens proturcs.

Ces factions proturques ont lancé une offensive contre les FDS au moment où des groupes rebelles islamistes déclenchaient le 27 novembre l'offensive qui allait renverser le président Bachar al-Assad une dizaine de jours plus tard.

Mazloum Abdi, chef des FDS, a condamné sur X les attaques à Manbij estimant que de tels "actes criminels" menacent l'union nationale et que "leurs auteurs doivent rendre des comptes".

- "Divergences" -

La Turquie voisine accuse les FDS d'avoir des liens avec les séparatistes armés kurdes sur son sol et menace de lancer une opération militaire contre elles, après avoir mené des offensives similaires par le passé.

Et Ankara a aussi à coeur d'obtenir l'appui des nouvelles autorités syriennes face à ces forces kurdes du nord-est syrien.

Partenaires des Occidentaux réunis au sein d'une coalition internationale antijihadistes, les FDS ont été le fer de lance de la lutte contre le groupe Etat islamique (EI).

A la faveur de la guerre civile en Syrie déclenchée en 2011, les FDS ont profité d'un retrait des forces de Bachar al-Assad pour prendre le contrôle de vastes pans du territoire dans le nord-est de la Syrie.

Mais le président syrien par intérim a annoncé sa volonté de dissoudre tous les groupes armés, dont les puissantes FDS, en vue de les intégrer dans les nouvelles forces armées du pays qui attendent encore d'être reconstruites.

Dans un entretien à la télévision diffusé lundi soir, il a dit que le nouveau pouvoir était "en négociation" avec les FDS pour parvenir à une solution.

"Il y a des divergences sur certains détails", a-t-il dit, sans vouloir élaborer, tout en assurant que "personne ne veut de sécession en Syrie".

M. Chareh, désigné mercredi président par intérim pour la période de transition, a par ailleurs annoncé qu'il faudrait "entre quatre et cinq ans" avant d'organiser des élections en Syrie, dévastée par la guerre civile.

"Car il faudra une infrastructure" adéquate, a-t-il justifié. "Et cette infrastructure doit être rétablie, et cela prendra du temps", dans un pays où le conflit a fait plus d'un demi-million de morts et déplacé ou forcé à l'exil des millions de personnes.

Il a promis "une loi régissant les partis politiques", indiquant que la Syrie serait "une république, avec un Parlement, et un gouvernement exécutif".

Ancien combattant jihadiste à la tête d'un groupe islamiste radical sunnite, Hayat Tahrir al-Sham (HTS), toujours classé terroriste en Occident, M. Chareh a dirigé la coalition de rebelles qui a renversé Bachar al-Assad.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.