Lundi 2 decembre 2024 à 16h21
Beyrouth (Liban), 2 déc 2024 (AFP) — Deuxième ville de Syrie, Alep, se remettait lentement des années de guerre civile qui ont dévasté son riche patrimoine et laissé des quartiers entiers en ruine quand le pouvoir syrien en a perdu le contrôle, ravi par les rebelles.
A l'exception de quartiers tenus par les forces kurdes dans le nord, tout le reste de la ville est désormais aux mains d'une coalition de rebelles dominée par des islamistes, qui a lancé la semaine dernière une offensive fulgurante contre les régions tenues par le régime syrien, dont les soldats ont déserté leurs positions.
- Chrétiens inquiets -
Ancienne capitale économique de Syrie, Alep compte environ deux millions d'habitants selon les estimations.
La majorité sont des musulmans mais elle compte également une minorité chrétienne, dont des Arméniens, qui a décliné au cours de la guerre civile, conclue en 2016.
A son début, en 2011, 200.000 chrétiens dont 50.000 Arméniens y vivaient, selon les estimations. Leur nombre est aujourd'hui tombé à 30.000, dont seulement 10.000 Arméniens, en raison d'une émigration massive, notamment vers l'Occident, selon des sources au sein de la communauté.
L'entrée des rebelles, conduits par les islamistes radicaux de Hayat Tahrir al-Cham (HTS), a provoqué l'inquiétude dans cette population, mais des représentants des forces anti-régime se sont rendus dans un couvent et un hôpital tenu par des religieux pour leur assurer qu'ils ne leur voulaient pas de mal, selon les mêmes sources.
- Divisée pendant la guerre -
Alep a été le principal champ de bataille en Syrie, quand un soulèvement populaire, réprimé par la force, a tourné à la guerre civile, et l'une des villes les plus affectées par le conflit.
En juillet 2012, les rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL) s'emparent de près de la moitié de la ville.
Elle est divisée pendant plus de quatre ans entre secteurs loyaliste à l'ouest, comptant la majorité de la population, et rebelle dans un réduit à l'est.
L'armée utilise contre les quartiers rebelles des "barils d'explosifs" largués depuis des hélicoptères et avions militaires. Les insurgés ripostent avec des tirs de roquettes meurtriers.
Fin septembre 2015, la Russie vient à la rescousse du régime syrien, alors en mesure d'assiéger les rebelles en coupant leur dernière route d'approvisionnement.
Le 22 décembre 2016, après la sortie du dernier convoi de rebelles et de civils d'Alep-Est, le régime annonce avoir repris le contrôle total de la ville.
- Riche patrimoine -
Située sur l'ancienne route de la soie, Alep est l'une des plus vieilles cités du monde, constamment habitée, depuis au moins 4.000 ans avant J.C., grâce à sa situation stratégique entre Méditerranée et Mésopotamie.
Spécialisée dans l'industrie manufacturière, c'était la deuxième ville de l'Empire ottoman au XIXe siècle.
La vieille ville a été inscrite au patrimoine mondial par l'Unesco, qui l'a placée en 2013 sur la liste des sites en péril.
Une partie des remparts de la citadelle du XIIIe siècle s'est effondrée en juillet 2015, tout comme le minaret seldjoukide de la mosquée des Omeyyades.
Le souk, le plus grand du monde avec 4.000 échoppes, a été partiellement détruit par les flammes, mais une section a été reconstruite ces dernières années.
L'Unesco a également inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité les Qudoud al-Halabiya, un genre musical traditionnel particulier à la ville.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.